Sur mon bureau, un verre d’eau vidé, une tasse, fond de café froid, un paquet de kleenex, un ou deux mouchoirs usagés - je suis enrhumé.
Sur mon bureau, des crayons, HB, 2H, 2B, tous bien taillés, des mines de plomb - ce n’est qu’un nom : c’est du graphite - 3B et 9B, un porte-mines et ses recharges, des stylos bille (bleu, rouge, vert et noir), une plume et ses cartouches d’encre Violet Tendresse - ce n’est pas moi mais le fabricant qui a choisi ce nom cul-cul - des cartouches d’encre Noir Intense - là, non plus, je n’ai pas choisi ce nom - pour une autre plume, dans ma trousse, dans mon cartable, des feutres de toutes les couleurs.
Sur mon bureau, la palette en plastique pour la gouache et le pot pour l’eau, quand je sors mes pinceaux.
Sur mon bureau, deux boîtes de carton, bien trop petites pour
loger mon corps tout entier, l’une noire et vide, l’autre blanche contenant de petites toiles non encore barbouillées, format
carte postale.
Sur mon bureau, une équerre, deux règles, quarante et cinquante centimètres, un rapporteur, un compas, un couteau, Opinel, un cutter.
Sur mon bureau, des rectangles, tous formats, de papier blanc. Chutes de découpes de cours ou d’énoncés photocopiés. Quelques dessins, quelques idées qui ne seront jamais utilisées, paragraphes sans intérêt.
Sur mon bureau, quatre carnets. Deux remplis, pas une ligne laissée libre, pattes de mouches que je ne parviens pas toujours à déchiffrer, un troisième aux deux tiers, le dernier vierge.
Sur mon bureau, plusieurs blocs de papier. A4, petits carreaux, détachables le long des pointillés. Tous entamés, la plupart presque totalement effeuillés. L’un d’entre eux a perdu le carton qui assurait sa rigidité,
gouaché, il y a longtemps, à Vassivière.
Sur mon bureau, une machine à écrire sur laquelle je dépose mes feuilles couvertes d’âneries, sur laquelle je suis en train - du moins, je crois - d’écrire un texte, j’entends par là un texte qui parle d’elle, par forcément un texte tapuscripté - c’est un
barbarisme.
Sur mon bureau, plusieurs livres. Certains à lire, ils sont cinq, trois recueils de poésie, Rilke, Michaud, Pound, un roman de Bolaño et une Œuvres Complètes de Borges, d’autres à écrire, plus nombreux encore et qui seront (donc) de moi, dans un avenir plus ou moins lointain, si je les mène à terme, je ne sais combien de projets en cours.
Sur mon bureau, tant à faire, sans compter ce qui se cache dans ses tiroirs ou au sol, sous et autour du bureau.
Et moi, je fais la sieste dans le canapé, je suis épuisé.