lundi 31 août 2020

C la rantré !!! (1)

Rentrée particulière, différente.
Les traditionnelles questions adressées au prof de maths (les profs de français, d’histoire et autres ont sûrement droit à des questions équivalentes) en début d’année - À quoi ça sert les maths ? Pourquoi on doit apprendre le théorème de Phytagore (la faute d’orthographe ne s’entend pas à l’oral, c’est un des plaisirs de l’écrit) ou à additionner des fractions de nombres relatifs - vont peut-être, cette année, laisser place à des questions plus générales, plus d’actualité : À quoi sert le masque ? Pourquoi on doit le porter toute la journée ? 

Ça fera un peu de changement. Plutôt bienvenu pour les enseignants.

Les réponses cependant seront les mêmes.
À quoi ça sert ? À rien.
Pourquoi alors ? Juste pour te faire chier, sale gosse. Quand t’en auras vraiment marre, t’arrêteras de poser des questions à la con et tu te contenteras de faire ce qu’on te dit.

dimanche 30 août 2020

Dans la cuisine

Qui va se dévouer pour enfin réconcilier les œufs brouillés ?



Tu as trop bu. Tu vois double. Si, si, je t’assure. D’ailleurs, il n’y a qu’un o à alcol.



Le poiré de ce midi avait goût de pomme...


samedi 29 août 2020

To my Last Breath

Il restait de la peinture sur la palette, du violet, du blanc et du jaune de Naples - une sorte d’ocre - après que j’ai fini la première couche des fonds de la dernière toile que j’ai entamée. Un bout de carton - celui qui ornait un coin de la toile vierge lorsqu’elle était encore sous cellophane et sur lequel on pouvait lire les caractéristiques (dimensions, grammage...), le nom du fabricant / vendeur ainsi que le code-barre - gisait au sol. Quelques coups de pinceaux - je ne les avais pas encore nettoyés, évidemment - au hasard, sans savoir ce que j’allais ensuite en faire.
Sur la platine tournait Machina / The Machines of God des Smashing Pumpkins. Plus particulièrement, juste quand je donnai ces premiers coups de pinceaux, passait le morceau Wound et son refrain If you wait I will wait / Taste I will taste / Love I will love / Run I will Run / To my last breath. En dix minutes j’avais, à partir de ces coups de pinceaux aléatoires, achevé cette petite image... Natacha (qui ne l’a pas encore vue) dira que ce n’est pas le temps que j’y ai passé qui compte...

To my Last Breath (18 x 14 cm)


vendredi 28 août 2020

Wie heisse ich ?

Je m’appelle Maurice.

On n’en trouve plus des Maurice. Pas de mon âge. Encore moins des plus jeunes. Maurice est un prénom de vieux...


Et ça tombe plutôt bien car, vieux, je le deviens un peu plus chaque jour. Maurice est un prénom que je porte avec un peu plus d’aisance, d’élégance et de pertinence à chaque instant...

... les Kevin, les Enzo, les Jordan (complétez la liste comme bon vous semble) ne peuvent pas en dire autant... tout le monde n’a pas la chance de s’appeler Maurice.

jeudi 27 août 2020

Je en est un

Hier, j’ai oublié d’être un autre. Oublié de jouer un rôle. Ai été ce moi-même que je redeviens quand je n’y prends garde, quand je me relâche.

Grand succès auprès de mes (pas si) semblables. On m’a trouvé charmant, sympa, intéressant. Drôle.  Spirituel. Certaines (et même certains) m’ont trouvé séduisant. Même physiquement, j’étais plus beau qu’à l’accoutumée...




Qu’est ce que je me suis fait chier... c’est vraiment rasoir d’être comme tout le monde.

mercredi 26 août 2020

No Selfie

Il restait de la peinture sur la palette après La Sieste... il en restait encore après... mais je me suis arrêté là...

No Selfie
(12 x 9,5 cm)

mardi 25 août 2020

La Sieste (2)

Tentative de mise en place et essai de colorisation à partir des éléments présentés hier.

Oui, j’ai trouvé du calque...


Deux essais d’arbres rouges
(10,5 x 14,5 cm)

La Sieste
(18 x 24 cm)

Dans mon esprit, La Sieste est une esquisse pour une toile plus grande, plus riche, plus construite, plus... mais je m’arrêterai peut-être là, je ne vais pas toujours au bout, au fond des choses...

lundi 24 août 2020

La Sieste (1)

Quelques croquis - uniquement ceux qui ont servi par la suite...

La Sieste à Vassivière (0.2)
Carnet de Croquis

La Sieste à Vassivière (0.3)
Carnet de Croquis

La Sieste à Vassivière (0.4)
Carnet de Croquis

dimanche 23 août 2020

Gribouillis


Comme le titre du billet l’indique...


C’est le 600ème billet - je commence à manquer d’inspiration.

samedi 22 août 2020

Une Folle Nef (0)

Pas beaucoup, peu, pas ou presque pas, avancé sur le projet Une Folle Nef. Si ce n’est la couverture. L’encre ne sèche pas vite sur les couvertures... et j’ai les doigts qui traînent et qui suent...


vendredi 21 août 2020

Verloren

J’ai gagné. Vous avez donc perdu.

Inutile de prétendre que vous ne jouiez pas ou que vous ne saviez pas que nous étions en train de jouer. On m’a déjà fait le coup. Plus d’une fois... C’est peu fair play. Il est un peu tard, une fois défaits (et même sévèrement battus - vous n’avez rien vu venir, n’est-ce pas ?) de faire comme si vous ne participiez pas, non ?



Allez, on rejoue ?

Merci de ne pas faire mine de ne pas savoir à quel jeu on joue, de ne pas connaître ni le but ni les règles du jeu. J’en ai plus qu’assez qu’on dévalorise mes éclatantes victoires.

jeudi 20 août 2020

01-32

Des géants surarmés
Se sont emparés
De nos contrées

Pillages, viols, destructions
Massacres, déportations

Nous sommes flattés
De tant d’inutiles efforts

Nous nous serions soumis
Sans même lutter

Résistance passive

mercredi 19 août 2020

Étretat

Comme évoqué dans le billet de ce matin, quelques croquis. Trop rapides, certainement, il faut que j’apprenne la patience. Ça viendra sûrement avec la confiance. Qui viendra avec le travail. Qui demande de la confiance.
La difficulté avec les falaises ? Les strates de silex, comment leur rendre justice ?

Notre Dame de la Garde
Carnet de Voyage

Falaises d’Amont
Carnet de Voyage

Falaises d’Amont et Notre Dame de la Garde
Carnet de Voyage

mardi 18 août 2020

Sonne

La nuit tombe de plus en plus tôt... le soleil aurait-il décidé de se coucher avec les poules ?



Proposition de sophisme :
S’il pleut, c’est qu’il ne fait pas soleil.
Sans soleil, pas d’évaporation.
Sans évaporation, pas de nuages et, donc, pas de pluie possible.
On en déduit que la pluie empêche la pluie.



J’ai pris un coup de soleil. Quel fourbe, quel lâche, il sait bien que je ne peux lui rendre.

lundi 17 août 2020

En Retard (79)

La secrétaire ouvre la porte du cabinet. Entre. Je la suis. De près. De trop près. Le comptoir de l’accueil se dresse à point nommé pour nous séparer.

Excusez-moi, j’ose, c’est que je suis déjà en retard. Très en retard. J’ai horreur de ça, être en retard.
Comment pouvez-vous être en retard ? Le cabinet n’est même pas encore ouvert. Le premier rendez-vous n’est que dans 20 minutes.
En retard, je vous dis que je suis en retard. Ce n’est tout de même pas pour rien que je cours à travers Paris depuis deux jours. Mais avec le métro, les émeutes, les vélibs inutilisables, les iconoclastes, les gaz hilarants ou lacrymogènes, les manifestations, les matches de polo, les violences policières, les fantômes des stations, la pollution fluviale, les violences sexuelles, les états d’ivresse, l’illisibilité des plans, les lourdeurs et les errances de l’auteur... j’ai fait comme j’ai pu, je suis venu aussi vite que possible...
Deux jours... elle lève les yeux au ciel. Votre nom ?
Maurice.
C’est votre nom ou votre prénom, Maurice ?
Les deux.
Vous vous appelez Maurice Maurice ?
Je me contente de hausser les épaules. J’en ai assez de me répéter.
Je n’ai pas de rendez-vous noté sur l’agenda au nom de Maurice. Ni aujourd’hui ni hier ni il y a deux jours. Êtes vous sûr d’avoir rendez-vous ?
Je tape du pied pour marquer mon impatience.
Je vais regarder sur l’ordinateur.
C’est cela, faites. Regardez sur votre ordinateur.
Elle allume l’ordinateur. Évite ostensiblement de croiser mon regard pendant le lent démarrage de Windows - ils n’ont qu’à passer au Mac. Ou à Linux qu’il ne faut - paraît-il - pas éteindre. Enfin, après quelques longues minutes, elle se met à cliquer et à taper... Semble enfin trouver l’information.
Mais Monsieur Maurice, c’était il y a 3 semaines que vous aviez rendez-vous... Et vous n’êtes pas venu...
Puisque je vous ai dit que je suis en retard... TRÈS en retard...



Et pour finir, nous sommes en avance : publication à 16h16

dimanche 16 août 2020

En Retard (78)

Je me glisse dans l’ouverture de la porte battante derrière la secrétaire. Frôle son postérieur au passage. Je devine le regard glaçant qu’elle jette dans mon dos (je ne me retourne pas). L’ascenseur est stationné au rez-de-chaussée. Je ne peux l’utiliser. Jamais la machinerie ne démarrera assez rapidement pour empêcher la secrétaire de me rejoindre dans la cabine. Je me jette à souffle perdu dans les escaliers. Sept étages à monter.
À chaque palier, je prends soin de presser le bouton appelant l’ascenseur. Voilà qui ralentira, de quelques secondes à chaque étape, la montée de la secrétaire vers le cabinet. Je vérifie également au passage que les portes ouvrant sur la cage sont correctement fermées. En ouvrir une me permettrait de bloquer totalement l’ascenseur et la secrétaire. Je pourrais alors monter tranquillement les marches, une à une, lentement. Et non trois à trois comme c’est le cas présentement. Jamais il ne me viendrait à l’esprit de les gravir deux à deux ou quatre à quatre. Je déteste les nombres pairs et les nombres non premiers - il parait qu’on les appelle nombres composés, ces nombres non premiers. Quant à les gravir cinq à cinq, c’est au-delà de mes capacités physiques, je n’ai ni l’allonge ni la souplesse ni la détente nécessaires... Malheureusement, il faut que je tombe sur le seul ascenseur de Paris aux normes, toutes les portes sont correctement verrouillées.

J’arrive au septième étage le premier. Je sonne. Sonne de nouveau. Une troisième fois. Teste la poignée de la porte. Tape du plat de la main sur le panneau de bois. Puis des coups de pied. L’ascenseur arrive après 90 secondes de tambourinage au septième étage. La secrétaire en sort. Ne dit rien. Se contente d’un regard noir dont je croyais ma bien aimée seule capable. Dont ma bien aimée est la seule autorisée à me jeter.
Dépêchons, dépêchons. Plus vite. J’ai promis de terminer aujourd’hui. Je vais encore être en retard.
Êtes-vous sûr de vouloir finir dans le 78 ?
Voilà un dilemme que je n’iniort pas.

Pour célébrer ce jeu de mot en direct des deux chèvres, je ne publie aujourd’hui qu’à 18h18... très en retard.

samedi 15 août 2020

En Retard (77)

Je suis réveillé par le jet d’eau d’un agent de propreté urbaine. Voilà qui règle en même temps le problème de la douche. Déjà que je suis en retard, très en retard, il ne faudrait pas en plus que je ne sois pas présentable. Pas propre.
L’ombre projetée par mon cadran solaire corporel - oui, il s’agit bien d’une allusion graveleuse - m’indique qu’il est encore tôt, que j’ai le temps, que le cabinet n’est certainement pas encore ouvert. Mes connaissances en gnomonique sont cependant fragiles : la trigonométrie n’a jamais été mon fort et j’ai, de plus, les sinus un peu enflammés - après un aussi pitoyable calembour mathématique, ma précédente plaisanterie à propos de ma Morning Glory passera bien mieux. Je ne prends pas de risque : le temps de me secouer les puces, je me mets en chemin quasi immédiatement - je n’ai pas grande distance à parcourir.

Et je fais bien de ne pas traîner. Alors que j’approche de la porte d’entrée de l’immeuble, je reconnais, composant le code qui en permettra l’ouverture, la secrétaire du cabinet. Je n’ai encore jamais vu cette secrétaire. Jamais rencontré. Il faut dire que je ne suis encore jamais venu au cabinet.  Je ne l’ai eu qu’au téléphone, la secrétaire. Une fois, une seule. Pour prendre rendez-vous. Ce chignon, serré, haut sur tête, cependant, ne trompe pas. C’est le chignon de cette voix que je ne suis pas prêt d’oublier. Une voix haut perchée. Une intonation sèche. Un débit de machine à coudre.
Il faut absolument que j’arrive avant elle au cabinet. Être moins en retard. Un peu moins en retard.


vendredi 14 août 2020

Que d’aventures...

Pressing, La Poste, lessives, rangement du contenu des valises, courses au supermarché (penser, en plus de la bouffe, à acheter de la lessive et des cotons-tiges) et à l’animalerie (croquettes et litière pour la chaton), arrosage des plantes, tri du courrier arrivé en notre absence, dépoussiérage des meubles, réorganisation des placards, remplacement de la table à manger et de l’aspirateur à main, bricolage... qui eut pu croire que le retour des vacances puisse être aussi passionnant, aussi trépidant, aussi exaltant ? Quelle aventure... que d’aventures...

jeudi 13 août 2020

01-29

La vie est courte
Et le repos
Éternel

Nous mettrons à profit
Le second
Pour songer
À notre
Résurrection

Karma

mercredi 12 août 2020

Limoges (2)

C’est demain (ou après-demain) la fin de notre séjour à Limoges, nous rentrons à Versailles...

Dessin réalisé depuis la fenêtre de notre chambre. J’avais si peu confiance en le commençant que je l’ai fait dans mon carnet de croquis et non dans mon carnet de voyages... tant pis pour moi.
L’ombre en bas à gauche est celle de mon doigt - eu quelques diffficultés (avec trois f comme fff...) à prendre la photo.

Vue depuis la chambre à Limoges
Carnet de croquis

mardi 11 août 2020

Fouras (3)

Retour à Fouras, deux ans (et une semaine) après notre dernier séjour dans la station balnéaire connue (ou non) des fans de Passe-Partout. Pour une seule journée cette fois. Journée prolifique - du moins du point de vue de la quantité.


Fouras -  Plage Sud et Port
Carnet de Voyages


Fouras - Plage Sud - Marée Basse
(10 x 23 cm)


Fouras - Plage Sud - Marée Haute
(16 x 11 cm)

J’ai oublié d’amener en vacances ma palette pour la gouache. J’ai utilisé à la place le dos du cahier dans lequel je malaxe les poemlm - j’ai aussi un peu écrit (prolifique, disais-je) sur la Plage Sud de Fouras, ce 05 août - qui seront réunis, un jour, sous le titre de Absences et qui sont notés 01.xx sur ce blog. Pour nettoyer ce dos de cahier, ne pas gâcher trop de peinture et utiliser la petite surface restée vierge sur le Canson après la réalisation des deux gouâchis ci-dessus, une petite improvisation sans intérêt... et sans autre but.


Sans Autre But - 05.08.2020
(6 x 8 cm)

En Bonus : la « pensée » du jour.
Sur les plages de Fouras, la Charente est la goutte d’eau qui fait déborder la vase.

lundi 10 août 2020

Vassivière (5)

Retour au lac. Quelques croquis. Et une petite huile (très) rapide, sur carton (ou plus exactement sur papier très épais)... qui m’a donné une idée pour une toile... que je ne réaliserai peut être jamais... on verra.


Sans titre à Vassivière (21 x 29,7 cm)

Et comme il restait de la peinture sur la palette et qu’il ne faut pas gâcher... un peu de géométrie colorée sur un bout de carton... Toujours au bord du lac.


Rectangles (14,5 x 17,5 cm)


dimanche 9 août 2020

En Retard (76)

Chacun se confine... chacun s’isole et se planque et évite les autres... chacun se cache... obéit aux ordres donnés pour la santé et la sécurité de tous... Chacun sauf moi, bien entendu. Non, moi, je profite de la confusion, de la panique, pour m’éclipser - tout en laissant sur le bureau de Childéric 35 euros avec un petit mot Gardez la monnaie : je n’ai aucune envie qu’on continue à me poursuivre pour une simple histoire de chemisette polo.

Je sors du commissariat. La nuit est proche de tomber. Je n’ai que trois cent mètres à franchir pour parvenir à destination. Il est tard cependant, bien trop tard. J’avalerai ces trois cents mètres demain matin, pour le petit déjeuner. En attendant, pour ne pas revenir en arrière - je suis déjà bien assez en retard - je me cherche un endroit pas trop inconfortable où dormir. Histoire de reprendre des forces et un peu d’inspiration - En Retard en manque grandement en ce moment, non ? un peu de lassitude s’est installée chez l’auteur - avant les deux derniers (a priori) numéros.

samedi 8 août 2020

En Retard (75)

IL N’A PAS ÉTERNUÉ DANS SON COUDE !!! IL N’A PAS ÉTERNUÉ DANS SON COUDE !!!

Une poulette - je veux dire un poulet femelle, de genre féminin, une keufette si vous préférez - presse violemment un bouton semblable à ceux qui déclenchent l’alarme incendie. Une sonnerie composée de quatre notes - sonnerie qui ressemble étrangement au jingle de la SNCF - retentit dans la volaillère. Sept fois. Suivie d’un message préenregistré.
Alerte Confinement. Alerte Confinement. Éloignez-vous les uns des autres. Respectez les distances de sécurité asociale. Enfilez votre masque. Cherchez un endroit où vous isolez après nettoyage minutieux au gel hydroalcoolique. Alerte Confinement. Alerte Confinement.
Des masques FFP2 tombent littéralement du plafond, comme le feraient des masques à oxygène du plafond d’un avion sur le point de décrocher. Tous les présents, policiers, victimes, témoins et présumés innocents derrière les barreaux, en enfilent un, prenant garde de bien protéger nez et bouche. Quelques secondes s’écoulent avant que ce que je prenais pour des extincteurs automatiques ne brumisent du gel hydroalcoolique dans toute la pièce. Comme dans une vieille publicité télévisée pour des gels douche, chacun se retrouve nu (exception faite des masques) à se frotter le moindre centimètre carré de peau avec le liquide qui pleut. Et chacun, une fois qu’il se sent bien aseptisé, gagne un placard dans lequel il s’enferme ou se plie en quatre sous un bureau. En attente de l’ordre autorisant le déconfinement.

vendredi 7 août 2020

Canicule

Enfin, le millésime 2020 de la canicule est arrivé ! ...

... pour la plus grande joie des autorités de l’Église. La fraîcheur estivale des édifices romans et gothiques est en effet le meilleur argument pour remplir ces derniers...



Si vous avez trop chaud à cause de la canicule, si vous étouffez, vous pouvez bien sûr ôter votre masque... vous ne courrez aucun risque, le masque n’est de toute manière qu’une protection de façade.



La canicule, pour ma part, me donne des envies de meurtres - histoire de passer quelques temps à l’ombre.

jeudi 6 août 2020

Ol’ Thing

Un vieux gouâchis (d’après Hiramatsu) ressorti du fin fond de Versailles : une œuvre qui, comme Expérience CD#4, appartient à la prestigieuse collection NF-ONF...


Photo prise à travers la vitre du cadre... d’où les reflets...


mercredi 5 août 2020

Albert merle (8/8)

Albert Merle fut interrompu dans ses réflexions par un doute : avait-il coupé le gaz ? ... et sa cigarette qu’il avait laissée se consumer dans le cendrier, sur la table de la cuisine, sans prendre la peine de l’écraser.

Il se précipita hors de la cabine de douche, les pieds mouillés, glissa sur la carrelage, perdit l’équilibre. Sa tête traversa la paroi de douche. Carotide et jugulaire sectionnées nettes. Bain de sang.

Tandis qu’il agonisait, il se rappela clairement, distinctement, avoir éteint le gaz avant de s’installer à la table de la cuisine et d’allumer sa cigarette.











Albert Merle se redressa brutalement. Tremblant. Trempé de sueur. Le souffle court.
Posant les mains tout autour de lui, dans de petits mouvements rapides, aléatoires, incontrôlés, nerveux, il fut surpris, sous ses doigts, de reconnaître ses draps rêches, son matelas creusé et son oreiller trop mou. Surpris de reconnaître son lit. D’être dans son lit.

Quel horrible cauchemar...







Et c’est ainsi que s’éteignit Albert Merle. Dans son lit. Rêvant encore et encore et encore d’une mort violente qui ne serait pas la sienne. Et ne parvenant jamais à se réveiller.




VLV, 1920

mardi 4 août 2020

Albert Merle (7/8)

Albert Merle coupa l’eau désormais tiède. Reposa le pommeau de douche sur son support. Ferma les yeux. Serra les dents à s’en faire mal aux mâchoires. Se concentra. Convoqua tout souvenir disponible. Rien ne vint. Proche de pleurer, il tenta de faire le vide en lui. De se focaliser sur sa respiration. Expiration. Inspiration. Expiration. Inspiration. Expiration. Inspiration. Ce fut efficace. Les images commencèrent à affluer. Et il se vit mourir. Et mourir encore. Et encore. De bien des façons. Toutes plus ridicules les unes que les autres. Toutes absurdes.
Étouffé dans son vomi - une mort très Jimi Hendrix - après avoir confondu une bouteille de produit ménager avec une brique de jus de fruit - beaucoup moins Jimi Hendrix. Électrocuté, les pieds dans une cuvette d’eau glacée - idiot... mais voilà au moins qui expliquait sa soudaine défiance envers les interrupteurs. Pulvérisé dans l’explosion de son four à micro-ondes après qu’il y eut introduit par inadvertance des objets métalliques - n’était-ce pas une scène du film Gremlins II ? Écrasé sur le macadam du trottoir à la suite d’une chute de trois étages alors qu’il nettoyait les carreaux - tâche ménagère dont il ne s’était pas acquitté depuis des années et qu’il comptait éviter de nombreuses années encore...
Quel était le sens de ces visions ? Et qu’étaient-elles, ces visions ? Des souvenirs ? Était-on - qui ? quoi ? - en train de l’avertir qu’il ne survivrait pas à la journée ? Qu’une absurde cause ou une autre amènerait son trépas ? Qu’il fallait qu’il se méfie de tout et de l’anodin en premier lieu ? Qu’il ferait mieux de retourner se coucher ? Qu’il devait redoubler de vigilance ?

lundi 3 août 2020

Albert Merle (6/8)

Albert Merle abandonna sa cigarette sur le bord du cendrier, se releva, sortit de la cuisine sans éteindre la lumière, regagna la salle d’eau. Ramassa le peignoir. Plus rien à craindre, pince-sans-rire. Le raccrocha à la patère, derrière la porte. Alluma les spots au-dessus du miroir du lavabo. Adressa une grimace et un doigt d’honneur à son reflet. Quelle sale gueule. Brosse à dent, dentifrice. Commença à se frotter les molaires. Pourquoi faire ? j’ai rien bouffé, cracha la mousse, rinça la brosse, la remit dans le verre. Regarda le rasoir et le blaireau avec mépris.
Il ôta son caleçon, se gratta le pubis, la fesse (droite), le sommet du crâne. Entra dans la cabine de douche qu’il referma derrière lui. Urina. Douce chaleur sur les pieds. Réconfortante. Dommage que l’odeur ne soit pas agréable. Saisissant le pommeau de douche, il le dirigea vers le sol tout en tournant les robinets à fond. Température maximale, plein débit. L’eau froide qui sortit tout d’abord du tuyau et lui glaça les pieds le terrorisa. Peur bleue. Il resta interdit. Sans réaction. Sans mouvement. Si ce n’est un léger tremblement de la main gauche. Quelques secondes comme quelques siècles. Se ressaisit - ou presque. Qu’est-ce qui se passe ? Putain, qu’est ce qui se passe ? Putain, qu’est-ce qui se passe ? La panique succédait à la stupeur.

dimanche 2 août 2020

En Retard (74)

J’ouvre le paquet. Une odeur désagréable, difficilement descriptible, piquante et lourde à la fois, s’en échappe. Un subtil assemblage d’encens, de vétiver, de cardamome, de vase et d’isonitrile me chatouille le tarin que je crains de perdre sur-le-champ. Childéric est proche de vomir et passe au vert - il n’avait de toute façon pas son gyrophare - Outrille éclipse sa lune discrètement direction les vécés. Pour ma part, je tente de faire bonne figure, bon pied et bon œil, droit comme un i tréma sur ma chaise que j’aimerais percée - je crois, dans mon récit qui s’étale désormais sur quelque chose comme 36 heures, ne pas avoir encore contribué à l’eutrophisation des milieux aquatiques locaux.

Étrangement, contrairement à mes interlocuteurs volaillers, je n’ai pas l’estomac retourné : c’est, chez moi, comme je viens de le dire, au niveau nasal que ça se passe. Ça me démange, ça me gratte, ça me brûle, ça me picote... et je finis par éternuer, plié en deux, le buste projeté en avant par la soudaine éjection de mucus.
Stupeur dans la batterie. Tout le monde se fige. Les doigts cessent de s’agiter sur les claviers. Les conversations et interrogatoires s’interrompent au milieu de phrases qui ne prennent pas la peine d’attendre l’intervention des points de suspension. Dans les cellules, les putes cessent de tourner en rond et de bruyamment mastiquer leur chewing-gum, les poivrots dégrisent en un clin d’œil. Les beignets et croissants se rassoient instantanément. Seul son encore perceptible dans l’immense open space : celui des cafés qui se répandent au sol en un plic ploc caractéristique.
Le temps est comme suspendu pendant quelques secondes - ce qui ne signifie strictement rien puisqu’il n’est plus question de secondes si le temps est suspendu - jusqu’à ce que je me redresse et que je contemple toute cette population carcérale - amphitryons et commensaux réunis - autour de moi qui n’ose plus bouger d’un cil. Alors, s’élève peu à peu une rumeur. Le volume sonore augmente en un lent crescendo. Les langues se délient et se répondent, toutes se répètent comme un mantra cette même consternation : IL N’A PAS ÉTERNUÉ DANS SON COUDE !!! IL N’A PAS ÉTERNUÉ DANS SON COUDE !!!

samedi 1 août 2020

En Retard (73)

Si je plaide coupable, que j’admets avoir balancé mon POLO (NDA : et non ma chemisette) dans le plus beau fleuve du monde, pourrais-je le récupérer, mon polo ?
Ce n’est pas la procédure, désolé.
Et un mec torse-poil dans vos locaux avec un pantalon dégueulasse, un doigt arraché et un orteil amputé de manière artisanale, c’est la procédure ? Je vais porter plainte pour violences policières...
Nous ne sommes pour rien dans l’état dans lequel vous vous trouvez, Mr. Maurice, prénom Maurice, vous le savez bien...
Certes, mais les journaux ne le savent pas...
On se moque des journaux. Personne ne lit les journaux. Les gens regardent Jean-Pierre Pernaut... et on a son total soutien, à Jean-Pierre. Inconditionnel. Un vrai amoureux des forces de l’ordre, JPP. Il écoutera notre version, uniquement notre version. Un excellent journaliste, Pernaut.
Sur Twitter, alors... je vous y traiterai de raciste, de misogyne, d’islamophobe et d’agélaste... ça va vite monter, vous allez être annulé...
Vous êtes blanc, vous êtes un homme, le témoignage de votre voisine, Mme Suzanne Maupu dite Gigi nous assure que vous n’êtes pas circoncis et, personnellement, j’ai fait l’effort de rire à vos blagues pas si bonnes...
De tout cela, la Twittosphère s’en moque. C’est tel que je me déclare qui fait mon identité sur les réseaux sociaux, pas les cases dans lesquelles vous me collez selon mon apparence. Fasciste...
Ok, ok... Et si je vous rends votre foutu polo, vous arrêtez de me faire chier ?
(Il me lance la poche plastique dans lequel se trouve mon polo)
Merci... Désolé pour le chantage... c’est pas dans mes habitudes... mais je suis déjà en retard, très en retard, je vais pas en plus me pointer complètement débraillé... il faut au moins que je porte quelque chose en haut...
Faudra tout de même payer l’amende... 30 euros 48...