La secrétaire ouvre la porte du cabinet. Entre. Je la suis. De près. De trop près. Le comptoir de l’accueil se dresse à point nommé pour nous séparer.
Excusez-moi, j’ose, c’est que je suis déjà en retard. Très en retard. J’ai horreur de ça, être en retard.
Comment pouvez-vous être en retard ? Le cabinet n’est même pas encore ouvert. Le premier rendez-vous n’est que dans 20 minutes.
En retard, je vous dis que je suis en retard. Ce n’est tout de même pas pour rien que je cours à travers Paris depuis deux jours. Mais avec le métro, les émeutes, les vélibs inutilisables, les iconoclastes, les gaz hilarants ou lacrymogènes, les manifestations, les matches de polo, les violences policières, les fantômes des stations, la pollution fluviale, les violences sexuelles, les états d’ivresse, l’illisibilité des plans, les lourdeurs et les errances de l’auteur... j’ai fait comme j’ai pu, je suis venu aussi vite que possible...
Deux jours... elle lève les yeux au ciel. Votre nom ?
Maurice.
C’est votre nom ou votre prénom, Maurice ?
Les deux.
Vous vous appelez Maurice Maurice ?
Je me contente de hausser les épaules. J’en ai assez de me répéter.
Je n’ai pas de rendez-vous noté sur l’agenda au nom de Maurice. Ni aujourd’hui ni hier ni il y a deux jours. Êtes vous sûr d’avoir rendez-vous ?
Je tape du pied pour marquer mon impatience.
Je vais regarder sur l’ordinateur.
C’est cela, faites. Regardez sur votre ordinateur.
Elle allume l’ordinateur. Évite ostensiblement de croiser mon regard pendant le lent démarrage de Windows - ils n’ont qu’à passer au Mac. Ou à Linux qu’il ne faut - paraît-il - pas éteindre. Enfin, après quelques longues minutes, elle se met à cliquer et à taper... Semble enfin trouver l’information.
Mais Monsieur Maurice, c’était il y a 3 semaines que vous aviez rendez-vous... Et vous n’êtes pas venu...
Puisque je vous ai dit que je suis en retard... TRÈS en retard...
Et pour finir, nous sommes en avance : publication à 16h16