écrit le 18 / 01 vers 9h30 - corrections mineures en recopiant à 17 h 00
J’étais, hier soir, assis par terre, sur le parquet, au milieu du salon, en tailleur, penché sur mes Absences - rendez-vous dans quelques jours - étalées devant moi, à les trier, les classer. La position n’était pas très confortable. Je me suis rejeté en arrière, pour m’étirer le dos et la nuque qui commençaient à me faire souffrir, ai posé les mains au sol pour m’appuyer et pouvoir mieux creuser ma colonne vertébrale dans le but de la détendre. Sous ma paume droite, dans ma paume droite devrais-je sûrement dire, pas au milieu de la paume mais dans la partie la plus charnue qui se trouve à la base des doigts, j’ai senti un objet dur, saillant, une pointe qui entrait, tentait d’entrer dans ma peau.
J’ai tout de suite su que ce n’était pas un clou qui dépassait des lames. Je n’ai même pas pensé à un clou. S’il y avait un clou qui sortait du parquet à cet endroit, il y a longtemps que je l’aurais remarqué. C’est maintenant que je pense que ç’eût pu être un clou. À ce moment-là, hier soir, je ne me suis pas demandé si c’était un clou, la possibilité que ce soit un clou ne m’a pas effleuré.
J’ai immédiatement su également que ce n’était pas une punaise. Je n’ai non plus même pas pensé à une punaise. Il y a des siècles - c’est une exagération, une hyperbole peut-être, Wikipedia que je consulte entre deux mots me propose un adynaton, mot à retenir pour plus tard - que je n’ai pas utilisé de punaise. Pour les photos au mur, j’utilise de la patafix - c’est certainement une marque déposée, je ne suis pas sûr de l’orthographe et ne connais pas le nom générique - alors même que la patafix, ça tient mal. Il faut recoller, repositionner régulièrement les photos, elles glissent le long du mur… mais on s’épargne les trous.
Ceux du mur - quoiqu’on s’en fout des trous dans le mur. Ça se rebouche facilement un trou de punaise. Un trou de clou aussi. Il n’y a que les proprios pointilleusement bornés qui comptent, lors de l’état des lieux de sortie, à la fin d’un bail, les trous de punaise et de clou dans les murs.
Ceux dans la photo. Quoiqu’on s’en fout aussi des trous dans la photo. Les photos qu’on accroche au mur directement, sans cadre, sont des photos souvenirs, en petit format, pas des photos d’art. Il suffit de les tirer de nouveau, de les développer de nouveau, si les trous gênent, ça ne coûte pas grand chose.
Pour les posters, les affiches, les illustrations découpées dans les magazines ou les articles de journaux, c’est plus emmerdant la patafix. C’est gras, la patafix. La patafix, ça finit par laisser un rond luisant dans les quatre coins du papier… mais est-ce tellement plus grave que d’y laisser un trou de punaise ? Alors, j’utilise de la patafix plutôt que des punaises.
Non, ce ne pouvait être une punaise. Toute ma réserve de punaises est réunie dans une petite boîte en plastique rangée dans un tiroir de mon bureau dont on ne la sort jamais. Jamais - ce n’est pas une exagération, cette fois. Jamais.
En réalité, je ne me suis pas posé la question de savoir ce qu’était cet objet pointu qui s’enfonçait dans ma paume. Je ne me suis pas donné le temps de la réflexion. Dommage, ç’eût pu être un jeu intellectuel amusant. Je me le suis gâché, ce jeu, par un mauvais réflexe. Sentant la gêne - ne parlons pas de douleur, n’exagérons pas - dans ma main, dans la paume de ma main, immédiatement, j’ai regardé ce qui la provoquait.