vendredi 31 janvier 2020

01-25

Nos Diables et Démons
Abandonnent volontiers
Nos âmes
Aux Dieux

Ils ne convoitent
Que nos corps

Notre meilleure part

Jugement dernier

jeudi 30 janvier 2020

Immobilier

Les agents immobiliers sont avant tout des commerçants, c'est-à-dire des menteurs - disons des bonimenteurs. Quand l'agent immobilier me vante les mérites de l'appartement qu'il me propose à la location, je sais qu'il enjolive la situation. Le centre-ville est à dix minutes à pied ? comptons plutôt quinze minutes pour une personne normale. L'appartement mesure 60 m² ? 50 m² de vie, le reste est biscornu et peu utilisable. Il faut compter en moyenne 80 euros par mois pour le gaz et l'électricité ? les derniers occupants en ont donc eu pour un peu plus de 100 euros...
Il n'est pas si facile de me berner. D'autant que je suis une véritable machine à calculer. Je danse avec les nombres. Toutes les informations chiffrées se mêlent dans mon esprit en opérations et en calculs... qui me permettent d'avoir toujours un coup d'avance.
Je sais que je marche 50 % plus vite que le piéton moyen. Je chauffe mon appartement 3 degrés de moins que la moyenne (18°C contre 21°C) et chaque degré de moins représente une économie de 6 à 7%. Quant aux recoins, je sais les optimiser comme personne : d'un couloir, je fais une bibliothèque ; dans chaque angle je construis un placard - rien n'est jamais perdu...
L'agent croit me rouler ? Il ne sait même pas qu'il me donne les chiffres exacts...

mercredi 29 janvier 2020

Pin Sot

On achève bien les chevaux, pourquoi pas les croutes aussi... Derniers coups (à quelques éventuelles retouches près) de brosses lundi dernier...
En fait, mon problème, je pense, est que je ne sais pas me servir d'un pinceau... ce qui est assez gênant pour la peinture...

Les plus assidus de mes lecteurs auront repéré que mes brouillons ne servent pas à rien...

MLMXIX
(50 x 40 cm)

mardi 28 janvier 2020

La Roulette Russe (24)

Six corps - trois hommes, trois femmes - retrouvés en cercle dans un appartement, moitié nus, leurs vêtements jetés sans soin au milieu d'eux, tous morts d'une balle dans la tête. Chacun tenait encore un revolver à la main. Conclusion de l'enquête : une partie de strip-Roulette Russe où tout le monde a perdu.


Au strip-poker, le but est de rester habillé tandis que les autres se retrouvent à poil.
À la strip-Roulette Russe, au contraire, on est bien content - et même soulagé - de baisser son caleçon orné de canards ou de petits cœurs devant tout le monde : le ridicule ne tue pas.

lundi 27 janvier 2020

Mantique

Les textes que je prépare actuellement, que je publierai sur ce blog sous peu et qui seront en ouverture, début janvier prochain, du recueil Nouvelles 2020, sont tellement mauvais que personne ne les lira jusqu'au bout.

Voilà bien une preuve que je suis (extra)lucide... ou que j'ai un rare talent pour les prédictions autoréalisatrices.

dimanche 26 janvier 2020

En Retard (28)

Lentement, dans un grincement sinistre, la porte de la station fantôme pivote tandis qu'un souffle chaud et moite semble s'échapper du sombre tunnel qui peu à peu s'ouvre devant moi. Des profondeurs insondables du tunnel me parvient le gémissement du métro sur les rails - à moins que ce ne soit le gémissement des rails sous le métro...

Je m'apprête à descendre l'escalier dont je ne devine que les premières marches dans l'obscurité quand une voix au loin dans mon dos appelle mon nom.
Je la reconnais, cette voix, elle n'est à nulle autre pareille. Quand je souffre, quand je me sens mourir, quand mon univers s'effondre, quand je me sens incapable et inutile, quand l'envie et le désir et même le besoin s'évanouissent en moi, seule cette voix - et cette voix seule - est capable de me guérir et de me redonner vie. Les mots lui sont inutiles pour soigner mes blessures, celles que je m'inflige, cette voix pourrait prononcer des syllabes dépourvues de sens, ses intonations, ses inflexions, uniques à mes oreilles, suffisent à me sauver. Cette voix, c'est celle de ma bien-aimée.

Ma bien-aimée est derrière moi, je l'entends qui m'appelle. Elle est en retard. Très en retard. Encore plus en retard que moi.
Je le sais, je l'ai appris, elle me l'a avoué, elle fait exprès d'être en retard, si en retard. Quand, chaque fin de semaine, je propose de nouvelles parties à En Retard, c'est intentionnellement que ma bien-aimée ne les ouvre pas immédiatement mais attend le lendemain, que j'abandonne à l'immensité du world wide web, telle une bouteille à la mer, un autre texte, un autre billet - parfois un simple jeu de mot, une ridicule plaisanterie - pour les lire. Toujours lire en retard En Retard, toujours lire En Retard en retard, je ne la savais pas si facétieuse... elle n'en est que plus merveilleuse.
Pour rendre hommage à sa malice, je publierai mes prochains morceaux de En Retard en retard, à 17h18 plutôt qu'à 17h17.

Ma bien aimée derrière moi m'appelle mais je suis déjà très en retard - et je me suis présenté dans ce texte comme un célibataire endurci, ne l'oublions pas. Je me sens comme Orphée remontant des Enfers, Eurydice à sa suite, torturé par l'interdiction divine de lui parler ou de se retourner pour la regarder. Sauf que je ne remonte pas des enfers mais semble plus proche d'y descendre et que j'ai quelques notions élémentaires de mythologie - je sais comment l'histoire finit. Je ne me retourne pas. Je baisse la tête et m'enfonce dans les ténèbres. Une larme roule sur ma joue.

samedi 25 janvier 2020

En Retard (27)

On entre dans les stations fantômes du métro parisien comme on entre dans un moulin : il suffit d'en avoir la clef... ou de savoir forcer une serrure - ou plus exactement deux sortes de serrures, la première, celle de la grille, à goupilles, la seconde, celle de la porte en bois, à gorges. Les lecteurs qui ignorent tout de l'art sublime et sept fois millénaire de la serrurerie feront comme moi et consulteront la page Wikipédia appropriée.

La première serrure ne me pose en théorie aucun problème. Je pourrais presque considérer comme un hobby le crochetage de telles serrures si ma dextérité en la matière - je n'ai besoin que d'un bout de métal fin (pince à cheveux, trombone, fil de fer quelconque...) et de huit secondes en moyenne - n'était aussi rémunératrice... ce n'est plus un simple divertissement, c'est un véritable job d'appoint - je n'en dirais pas plus pour d'évidentes questions de discrétion : mes clients et mes victimes sont, les uns comme les autres, très jaloux de leur intimité.
En théorie nuançais-je cependant. En effet, habituellement, je crochète les serrures avec des mains en bon état. Les miennes actuellement pissent le sang par les coupures infligées par l'éclat de vitrine de boucher qui me servit tout à l'heure de scalpel. Je ne peux travailler dans ces conditions. J'ai besoin d'un champ opératoire un minimum propre pour exercer mes talents. Je dois arrêter ces saignements - au moins les contenir...
Je rentre les mains dans mes poches de pantalon, en saisis le fond et serrent les poings de toutes mes forces. La douleur provoquée par mes blessures décuple mes forces. Je n'ai plus qu'à tirer sur le tissu qui cède au niveau des coutures. Ce que mes moufles de fortune ainsi improvisées me font perdre en habileté est largement compensé par ce qu'elles me font gagner en clarté et en bonne visualisation : la serrure de la grille cède en à peine plus de douze secondes.

La seconde serrure, celle à gorges, celle de la porte, pourtant réputée moins fiable que la serrure à goupilles de la grille, plus facile à crocheter, me pose plus de problèmes. Question d'habitude, de pratique. Depuis que j'ai découvert que le plus intéressant de ce qui se trouve derrière une porte pouvait être regardé par le trou de ce type de serrure, je me suis davantage consacré au voyeurisme, moins à l'ouverture forcée... il me faut près d'une minute avant que les gonds ne grincent.

vendredi 24 janvier 2020

Zanimos (2)

La tradition rhétaise de l'âne culotte est ancestrale. Elle remonte même aux Gaulois : l'âne braies.



Le morse aurait trouvé à qui parler si le tigre à dents de sabre n'avait pas disparu... désormais inutile, son code s'éteint.

jeudi 23 janvier 2020

La Roulette Russe (23)

Différentes initiatives ont été menées pour que la Roulette Russe ne reste pas un sport confidentiel. À l'instar du chessboxing, des sports hybrides ou combinés ont été inventés à partir de la Roulette Russe. Avec, il faut l'admettre, assez peu de succès...


On retiendra notamment une variante du biathlon dans laquelle l'épreuve de tir est remplacée par une séquence de Roulette Russe en solo. Cette version du biathlon a ses avantages. Un revolver est bien moins lourd et encombrant qu'un fusil, les parties de ski en sont facilitées. De plus, quand un biathlète se manque au stand de tir, il ne récolte pas, comme dans une épreuve classique de biathlon, de pénibles tours de pénalité - quel soulagement. Malheureusement, cette version du biathlon a un défaut rédhibitoire : les fondeurs ont un grand besoin d'entrainement... or, l'entrainement est plutôt déconseillé à l'amateur de Roulette Russe.


Le pentathlon moderne avec son épreuve finale mêlant course à pied et tir au pistolet semblait destinée à fusionner avec ce noble sport qu'est la Roulette Russe. Des compétitions furent organisées : immense succès. Cependant, l'aspect par trop décisif de l'épreuve de Roulette Russe dans la victoire finale attira la jalousie des escrimeurs qui se mirent à tirer à fleurets non mouchetés... L'épreuve d'escrime étant la première épreuve du pentathlon moderne, le sport perdit vite de son intérêt. On revint donc à la version initiale.

mercredi 22 janvier 2020

FLV

Mes carnets, à force de trainer dans mes poches ou au fond d'un sac, s'abiment, s'usent : leur contenu même est menacé. Qu'on ne s'imagine pas que je pense que ce contenu soit d'une importance capitale dans l'histoire de l'art et / ou de la littérature, loin de là, seulement, j'y tiens, moi, à ce contenu. Surtout aux croquis et gribouillis. Qui pourraient un jour me servir. Je profite donc de ce blog pour publier ces croquis et, en quelque sorte, en faire une sauvegarde... d'autant que je produis peu de dessins ou peintures en ce moment et que j'ai donc peu de choses à proposer dans le registre...

La Défense depuis la Fondation Louis Vuitton

Charpente de la Fondation Louis Vuitton

mardi 21 janvier 2020

Néanmoins

Amputé du pif
Dépourvu de tarin
Flair tari
Blair ôté
Museau paumé
Trompe destituée
Truffe passée par pertes et profits
Groin égaré
Tarbouif abandonné
Renifloir ratiboisé

lundi 20 janvier 2020

Vexé

Vexé.
Comme un pou sur la tête d'un chauve, je suis vexé, très vexé.

On aura tous reconnu un auto-plagiat, agrémenté d'une expression plutôt ringarde voire ridicule qui, heureusement, disparaitra avec le troisième âge.

Tout ça pour dire que je l'ai mauvaise. À double titre.
J'ai organisé un jeu-concours où le lecteur devait indiquer son billet (ou sa série de billets) préféré de l'année. J'ai donné les résultats du concours vendredi dernier...

J'ai d'ailleurs omis de donner un lien vers les choix des trois participants au jeu... Je n'avais mis que les liens vers les articles où lesdits participants avaient posté leur réponse... ce qui n'était donc qu'une partie des résultats du jeu... Si ce que je raconte n'est pas clair, revoir le règlement du jeu...
Les cinq choix de Natacha
Choix de Anonyme #1
Choix de Anonyme #2
Erreur réparée...

J'ai donné le résultat vendredi disais-je et ce n'est qu'aujourd'hui que je me suis rendu compte que je n'avais pas participé moi-même... j'aurais pourtant été assuré de gagner... il aurait suffi que je me choisisse... À quoi sert d'organiser une compétition si c'est pour ne pas la remporter ? Première atteinte à mon amour-propre.

La deuxième atteinte à mon amour-propre est plus grave encore...
Voilà : je demande à mes lecteurs quels ont été leurs billets préférés, je m'intéresse ou, pour être tout à fait honnête, fait semblant de m'intéresser à leurs goûts (pensez-vous vraiment que je vais en tenir compte dans mes prochains billets ? vous pensez avec votre avis sans aucune pertinence empiéter sur ma liberté d'auteur ? bon, ok, un peu...) et en retour, quoi, hein, quoi ? Rien. Et oui, personne ne s'inquiète de savoir quels ont été les billets dont j'ai été le plus content... tout le monde s'en cogne...
Je me sens comme lorsqu'on demande à quelqu'un ça va ? et que cette personne répond moi, ça va sans retourner la question ou comme lorsqu'on souhaite bonne année à une personne et qu'elle se contente de répondre merci... Chers lecteurs, je ne veux pas me fâcher avec vous... mais vous êtes rudement malpolis...
Même si tout le monde s'en fout, voici mes cinq billets préférés du moment (je changerai d'avis la prochaine fois que j'y réfléchirai), le genre que je voudrais plus souvent écrire, sans ordre particulier :
One
Two
Three (la deuxième moitié)
Four
Five (got ya on this one)

PS : je ne sais pas encore quand j'enverrai les lots aux trois vainqueurs. Cela dépendra en grande partie si les dessins ou peintures en question sont déjà réalisés ou non... mais ils arriveront avant l'été - normalement...

dimanche 19 janvier 2020

En Retard (26)

À deux cents mètres à peine des escaliers qui descendent à la station se trouve l'entrée, condamnée par des grilles et des portes fermées à double tour, d'une autre station, interdite au public. Une station fantôme.

Petite explication lexicale, petite transition culturelle pour occuper les quelques instants durant lesquels je parcours péniblement - je rappelle que je n'ai plus que neuf orteils, ce qui provoque un léger déséquilibre (et donc une certaine lenteur) dans ma démarche - lesdits deux cents mètres. Le récit de ce court (en distance, pas si peu long en minutes) déplacement n'aura en effet (du moins, je l'espère) aucun intérêt - autant parler d'autre chose.
Les stations fantômes sont les plus belles stations de métro. Comme dans toutes les autres stations, deux voies centrales, sur lesquelles circulent en deux sens (le métro roule à droite, comme les voitures) dans un bruit strident de frottement métallique, les rames, occupent le fond d'un fossé profond d'un mètre cinquante environ qui sépare les quais au sol bitumé, le tout sous un plafond de blanche faïence. Ce qui distingue les stations fantômes des autres stations du réseau du métropolitain et les rend si précieuses, si agréables, ce qui fait que je (et je suis loin d'être le seul dans ce cas, j'en connais beaucoup, des amateurs de stations fantômes) les préfère à toutes les autres stations (que, pourtant j'aime d'un amour inconditionnel) n'est pas tant l'obscurité qui y règne, pas plus que l'abondance des graffitis qui habitent les murs mais bien l'absence totale de voyageurs, d'usagers. Ce sont des stations de métro où passe le métro mais où l'on ne peut pas prendre le métro, que le métro ne dessert pas... des stations libres, refusant leur vocation, la voie pour elles toute tracée, de véritables poches de résistance... des stations qui aiment tellement le métro qu'elles refusent qu'il soit gâché par des occupants... des îlots de nature sauvage, non polluée par l'humain, au sein de l'urbain...
Il existe deux sortes de stations fantômes. Celles qui ont déjà vu passer des voyageurs. Celles qui en sont vierges. Les premières, pour la plupart, ont été fermées lors de la seconde guerre mondiale et n'ont jamais été rouvertes, rendues (soi-disant) inutiles par des prolongements de lignes ou l'ouverture d'autres stations à proximité. Champ de Mars, Croix-Rouge, Arsenal en sont quelques exemples. Les secondes ont été construites lors de projets d'extension mais abandonnées avant même leur mise en service - les projets d'extension ayant entre-temps capoté ou ayant été profondément modifiés. Ces secondes, dont la plus connue est Haxo, sont plus mystérieuses, plus attirantes que leurs proches cousines.
Bien entendu, pour ne pas révéler l'endroit où je vis, je ne vous dirai pas devant quelle station fantôme j'arrive à présent - ce ne fut pas aussi long que je le redoutais. Les hordes de lecteurs et lectrices attentifs pourraient alors faire, grâce à ce texte, le chemin à l'envers et découvrir mon adresse - je tiens à ma tranquillité.

samedi 18 janvier 2020

En Retard (25)

Prendre le métro sans titre de transport.
Tant qu'à être dans l'illégalité, autant l'être avec panache. Risquer une amende et une réprimande vaguement ironique de la part d'un contrôleur en uniforme mal ajusté, très peu pour moi. J'ai ma dignité. À quoi me servirait de frauder si je ne cours aucun risque ? Si je choisis la voie de la malhonnêteté, je veux que cela apporte au minimum un peu de piment à mon existence. Que j'encours un passage par la case prison (je ne referai pas ici d'allusion au Monopoly ; ceux qui le désirent pourront chercher dans un ancien numéro de En Retard), la ruine, l'opprobre ou au moins un passage à tabac en bonne et due forme, un bon matraquage, que je serve de défouloir aux membres des forces de l'ordre.

Je ne vais tout de même pas - comme feu Jacques Mangez des Pommes Chirac dans un célèbre cliché ou comme ces racailles de seconde zone (Vanves, Malakoff, Boulogne, Neuilly, Saint Ouen, Vincennes...) - me contenter de sauter le tourniquet du métro et de prendre mes jambes à mon cou (je ne suis, de toute façon, pas assez souple) si j'aperçois un agent ratpiste...
Je pourrais bien sûr joindre l'utile et l'agréable et choisir un joli postérieur féminin auquel me serrer pour passer à deux le tourniquet... mais en cette trouble époque - les années 50 de plus en plus s'apparentent au bon vieux temps ; j'aimerais tant être un des Mad Men et passer mon temps à boire dans mon bureau - où le moindre geste, même désintéressé, la moindre attitude, même anodine, peuvent être assimilés à du sexisme, du harcèlement voire de l'homophobie (pourquoi ne pas choisir un beau postérieur masculin pour passer à deux le tourniquet ?), on ne comprendrait pas qu'en me serrant ainsi je permets simplement à ma jeune - elle serait forcément jeune, est-ce de la gérontophobie ? - complice - celui ou celle qui aide un(e) fraudeur(se) à passer sans payer est aussi coupable que le(a) fraudeur(se) lui(elle)-même - à faire preuve de solidarité envers l'exclu (tout dépourvu de titre de transport est un exclu du métro) que je suis... Faut-il vraiment que la cause des femmes avance aux dépens de la solidarité ?

Non, pour prendre le métro en fraude, j'ai un plan plus aventureux.

vendredi 17 janvier 2020

Jeu-Concours

Le jeu-concours lancé à l'occasion du premier anniversaire d'Archives MLM fut bien le flop annoncé mais pas le flop redouté. Trois participants, ce n'est pas énorme, c'est donc bien un insuccès... mais trois c'est mieux qu'un seul - je craignais que seule Natacha jouerait... je pensais en effet que tout le monde aurait compris que le jeu était truqué et que la victoire irait forcément à Natacha qui est la plus à même de corrompre le jury (j'avais annoncé que le jury composé de MLM et de lui-même se laissait la liberté d'être acheté) et que personne ne se donnerait la peine de jouer à un jeu où l'on a autant de chances de gagner qu'à l'Euromillions...

La délibération fut donc excessivement difficile... voyez donc les trois contributions (dans les commentaires des articles), par ordre chronologique de participation :
Anonyme #2 (j'avoue que je suis un peu fatigué et que je n'ai pas compris tout le commentaire...)

Pour ne froisser personne et ne surtout pas hypothéquer un an à l'avance l'éventuel succès d'un concours similaire pour le prochain anniversaire d'Archives MLM, le jury s'est lâchement défaussé et s'est décidé pour une parfaite égalité (avec tout de même une victoire (a)morale pour Natacha - corruption du jury oblige). Chacun des trois participants recevra donc un lot - il faudra simplement que les deux anonymes songent à me donner un nom, en commentaire de cet article, par exemple, que je sache à qui faire parvenir le cadeau...



PS : Le recueil Nouvelles 2019 (lien dans cet article) est disponible en téléchargement uniquement jusqu'au 19 janvier à 9h00. Après, il sera trop tard !

jeudi 16 janvier 2020

La Roulette Russe (22)

Peu de pratiquants de la Roulette Russe se sont relevés d'une défaite en compétition.
À vrai dire, il n'y a qu'un seul cas connu. La défaite au premier tour d'une petite compétition départementale aurait dû condamner l'athlète en question à un éternel anonymat, elle lui valut pourtant un surnom, que les amateurs de ce noble sport se transmettent et se répètent encore aujourd'hui avec un mélange de crainte, d'admiration et de dégoût : Le Miraculé.
Quelques jours après avoir signé sa première licence de Roulette Russe, Le Miraculé prit part à sa première compétition. La première pression de gâchette lors du premier tour fut celle de trop, Le Miraculé s'arracha le quart du visage, réduit en bouillie la moitié de sa cervelle, salit les murs et le sol de sang, d'éclats d'os et de morceaux de chair. Bref, il perdit la face et la partie dès son premier essai.
Transporté aux urgences, il survécut on ne sait ni comment ni pourquoi. Il subit trente-deux opérations en deux ans, profita de huit ans de coma suivis de cinq années de rééducation pour retrouver l'usage de la parole et des principales fonctions motrices.
Dix-sept ans après sa défaite, il n'en paraissait presque plus rien - si ce n'est qu'il était plutôt laid et marchait de guingois - quand Le Miraculé décida de retenter sa chance dans ce sport magnifique qu'est la Roulette Russe. On s'abstiendra de juger ses motivations.
Sa réputation cependant le précéda. Quelqu'un qui survit à une défaite en Roulette Russe est soit immortel soit incroyablement chanceux (dans son cas, on penchait plutôt pour la seconde explication) - dans tous les cas, il est inutile de tenter de le combattre. Et c'est ainsi, que tous ses adversaires, estimant n'avoir aucune chance, un à un, préférèrent la honte du forfait à la défaite inéluctable - la chance est extrêmement mal vue chez les athlètes de Roulette Russe.
Le Miraculé devint donc Champion du Monde sans avoir à poser de nouveau le canon de son revolver sur sa tempe qui rendait un son creux quand on la tapotait... Avec un tel numéro un, la Roulette Russe, le sport lui-même, était en danger. On fit pression sur Le Miraculé pour qu'il se retire. Il résista quelques temps. Les moyens pour le contraindre à renoncer devinrent de plus en plus abjects. Il finit par céder et, de désespoir, se pendit... lui-même avait peur de se rater lors d'un suicide par balle...

mercredi 15 janvier 2020

Sans autre but (3)

Dans les transports, dans le métro, le Transilien ou le RER, je n'aime pas ne rien faire. C'est l'occasion de chercher des idées en griffonnant dans mon carnet. J'ai toujours un carnet sur moi - sauf quand je l'oublie. Pour noter les (trop rares à mon goût) idées qui me passent par la tête.
Et quand je ne trouve rien, quand rien ne vient, je gribouille. J'essaie alors de prendre un air inspiré, j'essaie de faire croire que je suis en pleine création. Je ne convaincs personne, personne n'est dupe - et d'ailleurs, tout le monde, dans le wagon ou dans la rame, s'en fout royalement - sauf moi-même. J'arrive presque à me persuader que je ne suis pas en train de simplement griffonner au hasard mais que je suis en train de faire surgir quelque chose de mon intérieur.

Ainsi, dans mon carnet, le 3 janvier dernier, en route pour des bottes de 7 lieues zanes :


Et pour ne pas que ces gribouillis (et le temps passé à les gribouiller) soient perdus - et pour achever de me convaincre que j'étais bien en plein processus de création - je donne à mes brouillons, à mes gribouillis, une forme finale - les fameux (ou pas) gouâchis de la série Sans Autre But.

J'aime également réunir mes œuvres (quel grand mot) abstraites en diptyques ou triptyques. Ainsi Expérience CD#2 est inséparable de ma seconde Abstraction Aqueuse, Sans Autre But (1) est inséparable de ma première Abstraction Aqueuse et les trois gouâchis qui illustrent le recueil Nouvelles 2019 ont été réalisés sur la même feuille A3.
La version finale (qui réunit gouache, mine de plomb et encres noire et violette) ci-dessous du gribouillis du 3 janvier (ci-dessus) constituera bientôt elle aussi la moitié d'un diptyque - l'autre moitié reste à produire.

Sans autre but (14 x 14 cm)

mardi 14 janvier 2020

Dedans de sagesse culinaire

Cracher dans la soupe n'est parfois qu'un moyen de la refroidir... D'ailleurs il vaut mieux cracher dans la soupe que la recracher...



Na + Cl : l'addition risque d'être salée....



N'est-ce pas étrange (et même contradictoire) que les expressions "les carottes sont cuites" et "c'est râpé" signifient plus ou moins la même chose ?

lundi 13 janvier 2020

Alcools - C'est pas de la Pollinaire

Sabrer le champagne n'est qu'une façon excessivement ruineuse - oserais-je ruinardeuse ? - et un peu ridicule de donner un coup d'épée dans l'eau : c'est inutile.



Rouge sur blanc, tout fout le camp. Blanc sur rouge, rien ne bouge.
Quelle foutaise... dans un ordre ou dans l'autre, le rosé, c'est dégueulasse...



Contre l'incontinence, j'ai trouvé un remède miracle : un bon shot de vodka...
Allez, hop... Cul sec !

dimanche 12 janvier 2020

En Retard (24)

Je suis soulagé de ne pouvoir me payer de ticket de métro. J'espère ne jamais à la fois avoir besoin de me payer un ticket de métro et avoir les moyens de me payer un ticket de métro. Sinon, comment alors renoncer à m'acheter un ticket de métro ? Comment pourrais-je m'empêcher si, simultanément, je dois et je peux ?
Le ticket de métro est un marqueur. Un signe. Un symbole. Un stigmate. De non-parisianisme. Le ticket de métro est prévu pour les touristes. Pour les étrangers. Les provinciaux. Les Parisiens, les vrais, possèdent tous leur Pass Navigo - le mien est dans mon portefeuille - qu'ils chérissent et exhibent avec la même fierté que les Saint-Marinais, leur passeport : jamais ils n'utilisent de ticket.
Quel drame personnel ce serait si je devais passer le portique d'accès aux couloirs du métro à l'aide d'un ticket. J'imagine les regards. Les commentaires. Encore un de ceux-là. Un de ces voyageurs à ticket. Un de ceux qui, rentrés chez eux, critiquent Paris et ses rues bruyantes et ses habitants peu accueillants et son métro dégueulasse. Et qui, pourtant ne peuvent s'empêcher de venir et de revenir ici, à Paris, et de bonder nos rames de métro. J'en frissonne. Que l'on puisse penser de moi cela. Moi qui n'aime rien plus que le métro. Une honte insupportable ce serait. Un affront insurmontable. Pourrais-je m'en remettre ? Je préfère ne pas tenter le diable.


Je n'achèterai pas de ticket. D'autant plus qu'il est si difficile de s'acheter un ticket de métro. Tout est fait, organisé, pour que l'on n'achète pas de ticket de métro. Tout est conçu pour que le ticket de métro soit le plus inaccessible possible. Tous les obstacles imaginables ont été dressés entre le potentiel acheteur de tickets de métro et le ticket de métro. Acheter un ticket de métro est un parcours du combattant, un chemin de croix et un voyage en Épépé. Bref, une galère sans nom et sans fin.

Dans les stations, il n'y a plus qu'un seul guichet où acheter son ticket de métro auprès une présence humaine. Les autres guichets ont été peu à peu supprimés au cours des années. Remplacés par des distributeurs automatiques. Dont l'écran tactile ne fonctionne jamais tout à fait correctement. Ou dont la molette qui permet de faire sa sélection ne réagit pas. Et quand, enfin, après de longues minutes de combat contre la machine, vient le moment de payer, c'est le terminal de carte bleue qui est en rade... et il faut se tourner vers le guichet.
Pour accéder au guichet, il faut d'abord survivre à l'attente au milieu de la foule. Interminable. La queue devant le guichet est toujours immense. Constituée d'une proportion anormalement élevée de vieux personnes âgées. Qui étaient peut-être - l'hypothèse n'est pas à rejeter a priori - encore jeunes quand elles ont rejoint la file d'attente - tant de temps perdu. Et qui parviennent, avec un naturel désarmant qui ne s'acquiert qu'avec l'expérience, à poser des dizaines de questions inutiles (c'est d'ailleurs souvent la même question posée de dizaines de façons différentes) au vendeur avant de lui acheter un ticket - perpétuel ralentissement du rythme de progression de la queue.
Et pour ceux qui auront vécu suffisamment longtemps pour atteindre le guichet, l'hygiaphone qui sépare le client, l'usager, de son interlocuteur ratpiste déformera les mots dans un sens et dans l'autre, assurant ainsi la plus parfaite incompréhension entre le client et le vendeur - épreuve ultime, obstacle infranchissable...


Je crois que j'en fais un peu trop... Dès qu'il s'agit de me caricaturer en Parisien extrémiste détestant tout ce qui ne se compte pas en arrondissements, je ne sais plus m'arrêter, je ne parviens plus à m'en tenir à d'acceptables limites. J'en ajoute et en rajoute. Non seulement je perds du temps alors que je suis déjà en retard (et même très en retard) mais, de plus, je risque de m'aliéner mon lectorat d'outre-périph'.
Il s'agirait à présent de me remettre rapidement en mouvement...

samedi 11 janvier 2020

En Retard (23)

Mes poches sont vides.
Dans la précipitation de mon départ de l'appartement, j'y ai oublié mon portefeuille, quelque part sur le meuble à chaussures, sur une étagère d'une bibliothèque ou sur la table de dissection où il a pu faire la belle et fortuite rencontre d'une machine à coudre et d'un parapluie - il faut vraiment que je relise Lautréamont, ça vire à l'obsession.
Je n'ai pas de monnaie. Pas de caillasse. Pas de mitraille. Pas un rond. Pas un kopek. Pas un radis.
À mon grand soulagement, je ne peux pas me payer de ticket de métro...

Certes, il ne me faudrait que quelques minutes, un quart d'heure, une demie heure tout au plus pour réunir les deux euros - ou quelque soit le prix aujourd'hui du ticket de métro... il change tous les six mois... qui, à Paris, quel Parisien sait combien coûte précisément un ticket de métro ? - nécessaires à l'obtention du sésame rectangulaire de carton blanchâtre barré sur toute la longueur de la si caractéristique bande brune. Il me suffirait pour cela de parcourir les rues du quartier, les yeux braqués sur le bitume ou le regard balayant les caniveaux pour récolter en pièces de 1 et 2 cents la somme fixée.
Les gens, étrangement, négligent les pièces rouges. Ils les fourrent sans leur prêter attention dans leurs fouilles. Les y oublient. Les laissent échapper sans même s'en rendre compte. Les abandonnent, volontairement ou non, à la caisse des magasins et dans les distributeurs. Et jugent non rentable l'effort de se baisser pour les ramasser quand ils en voient une à terre.
Pas moi. Au contraire. Bien au contraire : j'inspecte systématiquement les réceptacles à monnaie des caisses automatiques, je me précipite au sol au moindre éclat cuivré, je me fais à l'occasion pickpocket, je ne laisse jamais passer une opportunité de récupérer quelques centimes orangés. J'ai chez moi, caché, à l'abri, sous une trappe dissimulée dans le plancher, un sac rempli de pièces de 1, 2 et 5 cents. Il y en a pour plusieurs dizaines d'euros... en valeur faciale... mais ces pièces valent bien plus... Au cours actuel du cuivre, rien que le placage dépasse en valeur le montant affiché sur la pièce.
J'ai un temps envisagé de décaper délicatement mes pièces, sans en atteindre le cœur d'acier, avec une brosse métallique. J'ai renoncé cependant : le marché des sachets de poudre n'a pas bonne réputation. Je projette à présent de simplement faire fondre la fine couche de cuivre de mes pièces puis de revendre les lingots formés. Entre l'achat du matériel nécessaire et le coût de l'énergie, l'activité ne me serait pas encore rentable : j'ai fait mes calculs, tout mon bénéfice potentiel actuel y passerait et plus encore... il faut que je continue à accumuler des pièces... quelques milliers ou dizaines de milliers au minimum - pourquoi se fixer des limites ?
En considérant uniquement les pièces de 1 et 2 cents, près de 600 millions d'euros sont en circulation. Si j'en récupère suffisamment, je pourrais fondre assez de cuivre pour m'assurer un joli pactole...

Mais ce n'est pas le moment. Le temps c'est de l'argent... et je suis en retard, très en retard. Je n'ai pas une demie heure à perdre. Et si, j'en disposais, de cette demie heure, je la consacrerais à bâtir ma fortune, plutôt qu'à me payer un ticket de métro... Jamais je ne gâcherais mes pièces rouges dans un ticket de métro.

vendredi 10 janvier 2020

Bas-Armagnac

Capharnaüm frénétique
Bordel perfectionniste
Souk tatillon
Foutoir obsédé
Merdier pointilleux
Binz exigeant
Saint-frusquin vétilleux
Bastringue coupeur de cheveux en quatre
Caravansérail fignoleur








Rappel : Il ne vous reste qu'une semaine pour participer à notre jeu-concours...

jeudi 9 janvier 2020

On peut rire de tout

L'affaire Gabriel Matzneff va permettre de sauver de nombreuses blagues...

En effet, toutes les plaisanteries impliquant Michael Jackson et / ou Marc Dutroux - plaisanteries qui commençaient à sérieusement dater, il faut l'avouer - vont pouvoir être recyclées à moindre frais.

Mieux encore, l'utilisation du nom d'un auteur (vaguement) connu et reconnu, encore récemment célébré par le tout-Paris des Belles Lettres, va permettre à ces plaisanteries sur la pédophilie, trop souvent qualifiées de sordides, de dégueulasses, d'indignes, d'immondes, d'entrer dans le domaine de la grande littérature...
Ces plaisanteries, menacées par notre époque où l'on ne peut plus rire de rien sans s'attirer les foudres d'une communauté ou d'une autre qui se jugera offensée, vont devenir littéraires, vont devenir culturelles... que dis-je ? spirituelles...

Merci, Monsieur Matzneff, vous éclairez d'une lumière nouvelle mes soirées du vendredi au Balto...

mercredi 8 janvier 2020

Vassivière sans autre but

Sur la même feuille de Canson, un angle (et même un angle droit) de paysage de Vassivière, une petite improvisation abstractisante et deux croquis pour un projet sur le Roman de Renart qui traîne dans un coin de ma tête... Une feuille (de Canson) de brouillon en quelque sorte...


Vassivière
Sans autre but
Renart et les anguilles
(24 x 32 cm)

mardi 7 janvier 2020

Du côté de chez Drouant

Avec la démission de Bernard Pivot et de Virginie Despentes, deux places viennent de se libérer à l'Académie Goncourt. Je compte envoyer un CV, une lettre de motivation et une ou deux lettres de recommandation écrites sous pseudonymes.
Après tout, travailler bénévolement pour la littérature, ça me connait, non ? Et puis le travail n'est pas vraiment bénévole puisqu'un repas est offert mensuellement chez Drouant, lors des réunions de l'Académie.
Seule la quantité de travail m'effraie un peu... Devrai-je lire tous les livres sortis en France dans l'année ou pourrai-je me contenter, comme le lecteur français de base, de lire le Prix Goncourt ?

lundi 6 janvier 2020

La Roulette Russe (21)

Dans les clubs de Roulette Russe, l'Épiphanie est une fête très populaire qui est célébrée avec un rituel très particulier. Tout d'abord, chaque membre présent coiffe une couronne. Elle peut être de papier, de carton, de plastique ou de métal (peu épais - hors de question que la couronne devienne un casque déguisé)... Et c'est seulement une fois que chacun est couronné que l'on tire les rois - chacun à son tour.



Il y a peu de différences entre la galette des rois et la Roulette Russe. Le gâteau à la frangipane est rond comme un barillet de revolver, on sait précisément avant de jouer quel est le pourcentage de chance que l'on a de tomber sur l'objet recherché qui, dans tous les cas, balle ou  fève, est rigide et solide.
Il n'y a finalement que 10 cm qui séparent la Roulette Russe de l'Épiphanie : avec la première, on se blesse à la tempe, avec la seconde, on se casse les dents...

dimanche 5 janvier 2020

En Retard (22)

Je dois me résoudre à prendre le métro, disais-je.
J'entends par là, par me résoudre, que je ne pensais pas devoir prendre le métro aussi tôt dans le texte. Je pensais ne prendre le métro qu'à la toute fin de En Retard, juste avant l'épisode final, juste avant l'apothéose. Je pensais finir (ou presque) En Retard dans le métro. Finir (ou presque) là où tout a commencé. Boucler la boucle.
Je vois des visages étonnés, je vois des sourcils se soulever, j'entends protester... Ceux qui ne trouvent rien à redire n'ont pas bien lu le texte ou n'en ont pas retenu grand chose : En Retard n'a pas commencé dans le métro mais dans mon appartement, juste devant ma salle de bains que je renonçai à rejoindre.
Pourtant, En Retard est bel et bien né dans le métro ou, pour être plus précis, dans son proche cousin qu'est le RER, une espèce de train déguisé en métro à moins que ce ne soit le contraire, quelque part entre Gare du Nord et Roissy - Charles de Gaulle... Pour la légende - qui (pour citer (ou plus exactement paraphraser) cet excessivement mauvais film qu'est Mon Nom est Personne) si elle est plus belle que l'histoire, doit être imprimée plutôt que celle-ci - et pour préserver la pureté parisienne de En Retard, nous dirons que le texte est né dans le métro.

Ma plus grande peur en avion n'est ni le décollage ni l'atterrissage ni les trous d'air ni l'hypothétique crash ni le sandwich dégueulasse servi comme collation. Ma plus grande peur est de manquer l'avion. Ma seconde plus grande peur est celle que me procure le prix des billets. Ces deux peurs sont intimement liées.
Ce jour-là, je partais, ou plutôt nous partions - mais je n'évoque pas ma moitié dans mes fictions (j'ai d'ailleurs indiqué vivre seul, avec une chatte grise pour seule compagnie) : je m'en tiendrai donc à la première personne du singulier - en voyage. À Malte. Et j'ai passé toute la matinée, notamment la demie heure ou les trois quarts d'heure de RER entre Paris et l'aéroport à me répéter nous sommes (j'ai dit que je m'en tiendrai à la première personne du singulier) je suis en retard, je suis en retard, je suis en retard. Comme pour Dring en son temps, cette obsession s'est transformée en leitmotiv qui est devenu idée de texte ou plutôt point de départ d'un texte que j'ai commencé à brouillonner quelques heures plus tard sur le papier à lettre de l'hôtel où nous je séjournais.


Je ne vais pas faire tout un fromage (quelle expression ridicule) de devoir prendre immédiatement le métro, je voulais simplement vous faire part de ma déception... quand faut y aller, faut y aller.

samedi 4 janvier 2020

En Retard (21)

En retard. Je suis en retard. Très en retard.
Il va falloir me résoudre à prendre le métro.

Me résoudre ? Qu'on ne s'y méprenne pas, j'adore le métro. J'adore prendre le métro. Le métropolitain - il mérite bien qu'on le désapocope de temps à autre - est indissociable de Paris. Prendre le métropolitain est indissociable du fait d'être Parisien. Je n'ai pas besoin de rappeler mon inconditionnel amour de Paris par une subtile prétérition, tout le monde a compris et je n'aime ni me répéter ni me prétéréter. Cet amour absolu englobe (évidemment) le métro. Car le métro est Paris. Il n'en est pas qu'un moyen de transport parmi d'autres. Il en est un univers, un monde, un microcosme à part entière.

Le métro, c'est une vibration, un souffle, des sons, des odeurs, des couleurs, des décors, des saynètes qu'on ne rencontre - pour le meilleur et pour le pire - nulle part ailleurs.
C'est deviner, au courant d'air qui la précède, au tremblement du quai qui l'attend et à la stridence du dernier virage qu'elle avale, la rame à l'approche, avant même que ses lumières ne violent l'obscurité du tunnel.
C'est se sentir mal à l'aise quand, dans un wagon vide ou presque, ce passager tout aussi solitaire que vous l'êtes, décide de venir s'asseoir sur le siège voisin du vôtre plutôt que d'aller occuper une des 46 autres places libres.
C'est, après une longue journée de travail, s'endormir sur son siège, bercé par le léger balancement de la rame, se réveiller cinq stations trop loin et choisir, plutôt que de prendre la même ligne dans l'autre sens, d'utiliser les correspondances pour découvrir des stations dont on ne connaît pas encore le décor.
Ce sont les chanteurs ambulants, avec leur accordéon, leur petit ampli qui grésille, leur violon qui grince, leur guitare, leur accent indéfinissable et leur façon tout personnelle de réécrire les paroles des standards de la chanson française. Ce sont les vendeurs à la sauvette et leurs étalages de fruits aux couleurs trop parfaites pour ne pas être suspectes, de Tour Eiffel en plastique made in Indonesia et de jouets décorés à la peinture au plomb. Ce sont les SDF qui y vivent, y mangent, y dorment, à côté des usagers dans une totale et parfaitement réciproque indifférence. Ce sont ces idiots et idiotes qui, trop chargé(e)s de valises, de sacs de courses ou, pire, de poussettes baveuses et pleurnicheuses, vous demandent de l'aide pour monter ou descendre les escaliers qui relient les couloirs de correspondance et les quais, auxquels vous pouvez répondre par un haussement d'épaule et un sourire narquois sans choquer les autres passants - entre Parisiens, on se comprend...

Oui, j'aime le métro, j'en suis Zazie...


Quand je pense que des bus, ces transports de villes de province sillonnent les rues de Paris - que je n'appelle jamais, comme ces foutus touristes de province, la Capitale : le reste du pays n'a aucune valeur pour moi, en être la capitale n'a donc aucun intérêt - j'en suis malade et dégouté et irrité... ça me révulse et ça me fout la gerbe et la nausée... Je ne comprends pas qu'on autorise dans Paris la circulation de bus... Le bus, dans Paris, ne devrait pas avoir droit d'être, pas droit d'exister. Quel besoin de bus quand on a le métro ? Quel besoin d'ajouter aux voitures - qui sont elles-mêmes largement dispensables - embouteillées à toute heure du jour et de la nuit, des bus alors qu'on a le métro ? Et comme si ça ne suffisait pas qu'on ait déjà d'inutiles bus alors qu'on a le métro, voici qu'on ajoute, qu'on construit des lignes de tramways... et pourquoi pas des trolleys ?
pfffiittt...
je viens de cracher de dégoût
sur mon magnifique parquet Point de Hongrie...

Et quand je pense que des villes de province se permettent de creuser des tunnels pour y faire à  leur tour circuler des équipement roulants qu'ils osent appeler du nom noble et fier de métro, il me prend de véritables envies de génocides et de crimes de guerre... avant que cette colère ne se transforme (assez rapidement, qu'on se rassure) en une simple pitié pour ces maires et leurs administrés qui croient ainsi sortir leur ridicule commune de l'insignifiance...

vendredi 3 janvier 2020

Annie Verchère

Archives MLM a aujourd'hui un an ! D'un poemlm à un autre, 366 articles ont été publiés entre le 3 janvier et le 2 janvier - 2019 n'était pourtant pas une année bissextile : il y eut deux billets le 1er juin dernier - Annie Verchère est le 367ème billet...

Pour célébrer ce qui constitue un parfait non-événement, Maurice L. Maurice, qui se met à parler de lui-même à la troisième personne du singulier comme les grands cons de ce monde vous offre non pas un mais deux cadeaux... Et oui, MLM a décidé de lancer une nouvelle mode qui ne sera malheureusement pas suivie : offrir des cadeaux pour son anniversaire plutôt que d'en recevoir... bon, ok, c'est vrai, les supermarchés le font déjà...

Le premier cadeau (en est-ce un ?) est le premier recueil de textes de Maurice L. Maurice, sobrement intitulé Nouvelles. Quatre textes publiés sur Archives MLM y figurent : La visite à l'expo, Au Concert, L'appeau de banane et TOC. Un cinquième texte, inédit celui-ci, Dring, conclut le recueil qui est illustré par trois gouâchis (eux-aussi inédits) et (presque) improvisés.
Le recueil est disponible au format PDF en suivant ce lien : Nouvelles 2019.
Si quelques inconscients souhaitent imprimer l'ensemble, la mise en page est optimisée pour du format A5. Quant à la piètre qualité de la numérisation de la couverture... ben, tant pis...

Et le deuxième cadeau alors ? Il prend la forme d'un jeu-concours inspiré par l'usage aléatoire des commentaires par un certain David F. dont Maurice L. Maurice préservera soigneusement l'anonymat. Ce jeu permettra à Maurice L. Maurice d'orienter le contenu d'Archives MLM vers une plus grande satisfaction de son lectorat (ou pas).
Voici le principe : vous, toi, cher lecteur, doit indiquer à Maurice L. Maurice quel a été ton (ou tes) article(s) préféré(s) de l'année (entre le 3 janvier 2019 et le 2 janvier 2020) et pour quelle(s) raison(s). Là où ça devient drôle, c'est que cette réponse doit être postée en commentaire d'un article qui ne doit en aucun cas être l'article préféré de ta réponse. Celui qui aura sélectionné l'article le plus original comme article préféré avec la meilleure justification et aura posté son commentaire-réponse à l'endroit le plus insolite gagnera une œuvre graphique originale (et signée évidemment) de Maurice L. Maurice.
Ce jeu (qui, Maurice L. Maurice le pressent, va faire un flop) est sans aucune obligation d'achat, mais le jury, composé de Maurice L. Maurice et de lui-même, peut, en revanche, parfaitement être acheté.
Le vainqueur du jeu sera annoncé sur Archives MLM vendredi 17 janvier à 17h17.

jeudi 2 janvier 2020

01-24

Nous prenons
Toutes nos décisions
À l'unanimité

Nous ne l'avons jamais
Pour enfin
Mettre fin
À cet inefficace
Principe législatif
Réunie

Démocratie