mardi 31 décembre 2019

Pas Sûr de Gagner

Natacha m'a traité d'hypocrite... et elle n'a pas tort.
Pour quelqu'un qui refuse de fêter Noël, qui refuse d'une manière ou d'une autre de marquer le coup, tu as tout de même écrit plusieurs billets sur tes blogs en lien direct avec Noël...

Voyez-vous, elle aurait préféré - plutôt que je fasse des blagues pourries sur le Père Noël ou sur le Père Fouettard - que je vous délivre une information d'une bien plus grande importance. Enfin, information n'est pas le terme le plus juste. Je n'en trouve cependant pas d'autre. Pas de parfaitement adéquat. Révélation peut-être ? Annonce tout simplement ? Vous jugerez par vous-même...













Voilà : Natacha trouve que Pablo Sarabia ressemble à un hippocampe.
(...)








J'espère que ça ne va pas vous torturer durant tout le réveillon...























Pfff, d'abord on dit un Pippo d'eau...

lundi 30 décembre 2019

Boeing Boing Bing

Une idée en l'air... comme ça...


La plupart des crashs d'avion ont lieu lors des phases d'atterrissage et de décollage. Les statistiques l'assurent. Enfin, il me semble...



Ne serait-il pas dès lors bien plus sûr de construire des aéroports en l'air pour que les avions n'aient pas à s'arracher du sol ou à y retourner ?



Et oui, les solutions les plus simples ne sont pas toujours les plus faciles à trouver... Puis une fois qu'on les a trouvées, on se dit qu'il suffisait d'y penser...

dimanche 29 décembre 2019

En Retard (20)

La maigreur n'est plus à la mode. Les canons de beauté ont changé de calibre. Les mannequins désormais sont grande taille. La boulimie est mieux perçue que l'anorexie. On ne vante plus la taille fine impossible à atteindre sans régime draconien ni retouche Photoshop... les bourrelets ont la côte.

Dans ce monde nouveau, débarrassé des squelettes publicitaires et des échassiers à podiums, la couche de gras qui cache mes abdominaux fait de mon corps un corps de rêve, un corps dont tous - hommes, femmes, hermaphrodites, indéterminés, trans, neutres, hétéros, gays, bi-, asexués et autres ; je ne sais pas si les genres et sexualités se sont encore multipliés sur les réseaux d'asociaux au cours des dernières semaines - voudraient être pourvus - mais un tel corps, alors que manger gras, salé, sucré et grignoter entre les repas nous est déconseillé dès que l'occasion se présente (à qui bénéficie cette publicité négative, à quel lobby ? celui du chou kale ? du tofu ? du shiitake ?), demande une abnégation et une persévérance dont peu de gens sont capables - que tous voudraient posséder - au sens sexuel du terme, si, toutefois le terme posséder possède effectivement un sens sexuel...
Pour me paraphraser, mon corps et ses grassouillettes imperfections ne peut qu'être l'objet de toutes les convoitises, de toutes les jalousies, de tous les désirs... je ne peux traverser Paris ainsi, supérieurement dévêtu (topless est, si je ne m'abuse un mot réservé à la gent féminine), il faut imaginer l'émeute, il faut imaginer les sollicitations, les regards libidineux, les invitations franches ou indirectes : impossible d'avancer, impossible de ne pas être détourné de son but et de ne prendre davantage de retard.

Il faut que je trouve de quoi couvrir ce que l'abandon par trop impulsif de ma chemisette a laissé apparent. Toujours armé de mon triangle verreux (je le laisserai tomber juste après cette dernière utilisation), je découpe le sac poubelle destiné aux papiers (le tri sélectif nous est imposé jusque dans la rue) au ras du rabat de métal qui le maintient en place, le vide dans l'autre poubelle (je prétendrai, en cas de problème, avoir un doute quant à la destination des ordures qu'il contenait - en cas de doute, choisir la poubelle pour déchets généraux), y perce deux trous, l'un pour le bras droit, l'autre, plus large, pour le bras gauche et la tête, et m'éloigne ainsi dans ma toge de plastique bleu... mon allure est de plus en plus auguste.

samedi 28 décembre 2019

En Retard (19)

Privé de vélo. Indigne du jaune d'or - que l'on devine encore sous les tâches de sang et de de café - à faire pâlir d'envie feu Raymond Poulidor - lorsque j'ai pour la première fois écrit cette phrase dans mon cahier, celui consacré à En Retard, Poulidor était encore vivant ; tempus fugit, le temps passe si vite - de ma chemisette, je l'ôte dans une anacoluthe que n'aurait pas reniée un enfant de 8 ans et la jette à la Seine qui coule au delà du parapet, 10 mètres plus bas, sans me rendre compte que ma chemisette est, comme je l'ai déjà dit, dit, dit et redit et reredit, un polo.

Les textes ne tiennent pas toujours leurs promesses. On attend une grande révélation, on compte sur un retournement de situation imprévisible, on s'attend à un tour de passe-passe, on pense que l'auteur a, dans sa manche, un coup d'éclat d'avance qui lui permettra de se sortir de la situation inextricable dans laquelle il s'est lui-même fourré... on est parfois déçus. Comment vais-je me rendre compte que je porte un polo ? était la question qui vous tenait en haleine depuis le début du texte. À force d'anticiper, de sans cesse repousser l'utilisation de cet atour majeur, j'ai manqué le moment le plus opportun de l'utiliser, je me suis laissé dépasser par les événements, j'ai loupé le coche, bref... je suis en retard... on l'a compris. Je n'ai jamais su que je portais un polo et non chemisette... Ce qui aurait pu être une excellente situation comique a fait plouf. Toutes mes excuses pour mon manque de maîtrise...

Ma décision, jeter ma chemisette - peut-être en était-ce une, finalement, je ne le saurai jamais - à la flotte était un peu précipitée. Ce n'était d'ailleurs pas vraiment une décision. Une décision est (normalement) réfléchie. Une décision est un choix. Jeter ma chemisette à la baille tenait plus de l'ordre du réflexe. Du mauvais réflexe. Un coup de sang. Toutes mes excuses pour mon manque de self-control...
Je me retrouve torse-poil en plein Paris.

vendredi 27 décembre 2019

Mon noM (6)

mon nom est un mensonge



mon nom se retient facilement



mon nom s'oublie plus aisément encore

jeudi 26 décembre 2019

Mon noM (5)

mon nom est celui de mon ennemi



mon nom est de la confiture donnée par des cochons



mon nom est une affirmation

mercredi 25 décembre 2019

Scoop (suite)

... pour ce qui est du Père Fouettard (ou ses équivalents le Hans Trapp, le Tonton Macoute, le Croque-Mitaine...), en revanche, j'ai plus de doutes... je ne suis pas sûr que ce ne soit qu'un mythe.

mardi 24 décembre 2019

lundi 23 décembre 2019

La Roulette Russe (20)

Les clubs de Roulette Russe n'organisent jamais de tournois internes. Trop d'adhérents (et donc de cotisations) perdus d'un coup.


Les clubs de Roulette Russe n'organisent pas d'entrainements collectifs non plus - pour les mêmes raisons. Les leçons individuelles sont à payer systématiquement à l'avance.


Mesdames et Messieurs les dirigeants de clubs ou les organisateurs de compétition de Roulette Russe, pensez à bâcher de plastique le sol - notamment moquettes et parquets - des salles que vous utilisez pour la pratique de votre noble sport. Les services de nettoyage vous remercient d'avance.

dimanche 22 décembre 2019

En Retard (18)

Il n'a pas échappé à mon lectorat, certes peu nombreux mais d'autant plus assidu - les visiteurs d'Archives MLM ne peuvent être que des admirateurs transis de mon œuvre - que les paragraphes précédents constituaient un auto-plagiat d'une des parties les plus réussies - ou les moins ratées, c'est selon - de La Montre.
C'est déjà la seconde fois en quelques numéros de En Retard que je signale - l'honnêteté est la première des exigences que je m'impose - une réutilisation de La Montre. Et c'est sans compter les références directes au texte que j'y glisse de temps à autre. Faut-il dès lors voir dans En Retard une tentative pure et simple de réécriture de ce texte pourtant officiellement laissé de côté il y a quelques mois déjà ?
Ce serait mal comprendre le concept de En Retard. J'expliquerai - ou non - le moment venu - ou un peu après ; pas avant - comment En Retard a débuté, comment je l'ai commencé, où j'ai puisé les idées qui m'ont donné envie de l'écrire, comment le texte puis le projet lui-même s'est trouvé modifié au fur et à mesure de son avancement. Tout cela n'a pas d'importance pour l'instant. En Retard est tout simplement un texte qui doit avancer, aller de l'avant, quelques soient les obstacles - le principal de ces obstacles étant, évidemment, le manque de temps - qui s'opposent à cette marche en avant à raison de deux (ou trois, éventuellement) numéros par semaine.
Ce n'était pas l'idée de départ mais j'en suis arrivé à me mettre dans la situation (si ce n'est dans la peau) d'un feuilletoniste sommé de rédiger coûte que coûte ses deux pages par week-end. Et qui, quand les circonstances extérieures, quand ses autres activités, littéraires ou non, l'empêchent d'abattre son travail convenablement, doit trouver des subterfuges pour produire tout de même, en temps et en heure.
Mon subterfuge principal est de recycler d'anciens textes (déjà publiés sur Archives ou non), de les recomposer, sans même avoir besoin de les rechercher, de les copier et de les adapter puisqu'il s'agit d'idées sur lesquelles j'ai tellement travaillé qu'elles coulent désormais très rapidement. Et La Montre est mon plus ancien texte, par définition celui sur lequel j'ai le plus travaillé... CQFD. Mes textes sont, de toute manière, déjà bourrés de répétitions (volontaires), quel problème y aurait-il à ce que mes textes eux-mêmes se répètent entre eux ?

Un autre subterfuge pour gagner du temps est, vous l'aurez compris, d'expliquer mes subterfuges...

samedi 21 décembre 2019

En Retard (17)

Fuir. Partir. Avancer. Le plus rapidement possible.
À pieds, avec mon orteil en moins, je n'irai pas assez vite. Je repère, à 200 mètres à peine, une station Vélib'.

Je hais le vélo. Le déteste. L'abhorre. L'exècre. Le honnis. Et je maudis sur 108 fois 108 générations celui qui a inventé cet objet qui, littéralement, ne tient pas debout. La chute est inhérente au vélo. La chute est au vélo ce que la brûlure est au feu. Ce que la piqure est à la seringue. Ce que l'ennui est au cours de technologie. Ce que le sommeil est à la lecture de Maurice L. Maurice. Ce que la grossesse est à une soirée trop arrosée. C'est une erreur originelle. Un vice caché fondamental. Un défaut de conception. Auquel le recours à divers artifices - roulettes, béquille, sonnette, réflecteurs, guidon de triathlète, roues lenticulaires, porte-bidon, freins à disque, etc. - n'a que très partiellement remédié. Pour preuve, on recommande désormais à l'usager de porter, au minimum, un casque et, aux enfants, d'enfiler de surcroit coudières et genouillères pour chevaucher cet engin qui ne manquera jamais de vous projeter au sol.
Je n'utilise jamais le vélo. Rarement. Pas souvent. Uniquement quand je n'ai pas le choix. Quand je suis pressé. En retard... je ne suis jamais à l'heure.

Je suis passé maître dans l'art d'évaluer d'un seul coup d'œil l'équilibre d'un vélo. J'ai tant chuté par les routes et les chemins et les travers-champs. Me suis pris tant de gamelles. Ramassé tant de gadins. J'ai appris. Acquis de l'expérience. Je me suis blessé. Arraché la peau. Brisé les os. Cassé les dents. J'ai payé pour apprendre. Mes mauvais choix de vélo étaient le chemin pavé de mauvaises bûches vers la connaissance. J'en sais désormais autant voire plus que quiconque sur les vélos - keep your friends close and your enemies closer. J'ai un coup d'œil infaillible.
J'inspecte les bicyclettes disponibles. Aucune ne me satisfait pleinement. Au fur et à mesure que j'examine les bicyclettes, afin de ne pas perdre de temps à ausculter deux fois la même machine de mort, mon éclat de vitrine toujours à la main, je perce les pneus et éventre la selle de celles que j'élimine. La méthode, je le confesse, a ses limites. Pas de retour en arrière possible. C'est une méthode qui permet, parmi une sélection, de dénicher le vélo parfait, pas le meilleur vélo. Le meilleur vélo soumis à ma sagacité était, après une étude minutieuse de tous les autres, le premier... désormais à plat... je dois renoncer au cyclisme.

vendredi 20 décembre 2019

jeudi 19 décembre 2019

La Roulette Russe (19)

Arrivé en finale d'une compétition de Roulette Russe, un joueur sentant sa chance tourner, fut pris, au moment de tirer, d'une immense trouille. Une peur telle qu'il fit une crise cardiaque. On ne put le ranimer. Ce qui attrista profondément son adversaire... Gagner un titre par forfait est toujours moins valorisant que de le gagner sur le terrain.



Autre compétition, autre finale, autres athlètes. L'un des deux concurrents fut pris, au moment de tirer, d'une crise de panique et, ne parvenant plus à se maitriser, dirigea d'un coup son arme vers son adversaire. Clic. Silence du public, abasourdi. Paralysie des arbitres ne sachant que faire, déboussolés - ces cas de manque au fair-play sont plus que rares en Roulette Russe. Plusieurs secondes, très longues secondes, s'écoulèrent. Désolé, je ne sais pas ce qu'il m'a pris... marmonna le fautif, incapable de bouger. Son adversaire, que ces excuses avait brutalement sorti de son hébétude, leva à son tour son arme en direction de celui qui lui avait tiré dessus. Pan.
Ironie de l'histoire, vues les circonstances, aucun des deux joueurs, ni le fautif ni le survivant, ne fut déclaré vainqueur. Le second a quitté la compétition de Roulette Russe et a pris une licence en Duel.


mercredi 18 décembre 2019

On the Beach (7)

Souvenir des Sables d'Olonne que je n'ai pas évoqué lors de la série On the Beach (5-10 septembre dernier) : j'ai trouvé sur la plage, à la limite entre le sable et les rochers, un crâne d'oiseau (probablement une mouette) en parfait état. Je le conserve précieusement dans une boîte depuis et essaye de temps à autre de rendre justice à sa beauté... il y a encore du boulot...


Crâne de Piaf
(Carnet de croquis)


Études / essais divers mélangés
(10, 5 x 14,5 cm)

mardi 17 décembre 2019

Games

Je suis un addict. Je suis accroc. Aux jeux. J'y perds un temps fou. Je joue sans arrêt. En ligne. Au Scrabble et aux échecs.

Si au moins j'arrivais à fusionner ces deux jeux... quelle économie de temps et d'énergie... mais non, je n'ai pas trouvé comment les mêler... même quand je joue aux deux jeux à la fois (ça arrive plus souvent que de raisonnable), je ne les confonds pas...

Mais il m'arrive parfois de DEROQUER un adversaire avec deux cases mot compte triple ou, mieux, de l'y placer en ZUGZWANG... et là, c'est jackpot... échec et mat !

lundi 16 décembre 2019

Dedans de sagesse (6)

Au Royaume des Aveugles, celui qui a le compas dans l'œil est Roi.


L'ennui porte conseil.

dimanche 15 décembre 2019

En Retard (16)

La rumeur enfle. Le bouche-à-oreille fait son œuvre. Les discussions au café du commerce ne tournent qu'autour de l'affaire. Sur les réseaux d'asociaux, on tweete, on retweete, on like, on follow, on thumb-up, on instagrame, on commente, on débat, on s'insulte, on nourrit les haines, on se soutient entre minorités auto-proclamées, on alimente les threads avec des informations invérifiables et des on-dit... La rumeur devient affaire : une boucherie a été vandalisée dans Paris. Moins de dix minutes après que j'ai descendu la vitrine, la foule commence à se ressembler sur les lieux de l'événement, commence à grossir, commence à bruire, commence à s'agiter.

D'ici cinq minutes à peine, les envoyés sur place arriveront face caméra et micro en main, les chaînes d'information en continu prendront le relais. Ils interrogeront les témoins arrivés sur les lieux peu après les événements, interrogeront les passants sur leur ressenti, leurs peurs, chercheront dans la foule les réactions les plus à même de créer la polémique.
En plateau, on interrogera les experts et les professionnels sur les possibles conséquences et répercussions d'un tel acte sur l'avenir de la filière caprine, sur le tourisme et sur la montée des extrêmes aux prochaines élections... On échafaudera des théories et des explications rationnelles non étayées. On parlera de terrorisme antispéciste, de terrorisme végan. On recyclera les images - insoutenables - des maltraitances animales dans les abattoirs. Des médecins viendront témoigner qu'on peut parfaitement vivre et se nourrir sans viande. D'autres médecins viendront témoigner du contraire. Les militants des droits des animaux viendront insulter les éleveurs et les bouchers, les traiteront d'esclavagistes et de génocidaires, hurleront Meat is Murder, appelleront à de nouveaux saccages de boucheries, de charcuteries et de fromageries...
On parlera également d'émeutes de la faim. On commencera à relayer cette idée, plus vendeuse (car moins ressassée) que ces histoires de carnivores. Et la foule rassemblée devant la boucherie évitrée trouvera l'idée attirante, séduisante. Et menacera à leur tour la boulangerie, le primeur la poissonnerie et la confiserie - peut être même, suprême sacrilège, la supérette - pour que tout le monde puisse manger à sa faim. La révolte grondera. Peut-être sera-ce le début d'une véritable révolution, les institutions trembleront sur leurs bases vermoulues, les nantis prendront leur jet et leurs bijoux direction St Barth ou les Antilles Néerlandaises et, dans un sursaut de démocratie directe, le peuple se choisira un dictateur qui saura lui faire accepter sa triste condition au nom du bien commun et de la fierté d'appartenir à notre glorieuse Nation - je n'adhère pas, j'habite entre République et Bastille...

On interrogera tout le monde sauf l'unique témoin : votre serviteur, moi-même. C'est dommage, j'en aurais profité pour faire de la publicité pour Archives, c'eut été un tremplin idéal pour ma carrière littéraire. Sur tous les écrans de télévision, un bandeau avec mon nom barrant le bas de l'image, mon visage en gros plan et mes propres justifications. J'aurais inventé des motivations farfelues à mon fracas de verre et à mon amputation. J'aurais accusé les uns et les autres, j'aurais lancé des alertes, j'aurais fustigé, j'aurais persiflé, je me serais donné en spectacle, je me serais prostitué pour la postérité... voilà que je chante du à peu-près Balavoine, je ne m'appelle pourtant pas Henri mais Maurice, c'est mon nom et mon prénom, je m'appelle Maurice L. Maurice, c'est un pseudo, évidemment...
Mais voilà, je suis trop laid pour passer à la télé, on préfèrera toujours interviewer un décolleté trop profond, une barbe parfaitement soignée ou un look extravagant plutôt qu'un auteur qui n'a rien à écrire que le fait qu'il est en retard... d'ailleurs, je le suis, en retard, je n'ai pas le temps d'attendre que l'on braque les caméras et les appareil-photos des smartphones sur moi, il faut que j'y aille, je me suis écarté promptement de la scène de mon crime, dès que se sont arrêtés devant la boucherie les premiers badauds poussés par la curiosité - qui n'est pas un si vilain défaut...

samedi 14 décembre 2019

En Retard (15)

La solution qui s'offre à moi est belle comme la rencontre pas tout à fait fortuite d'un cube de grès et de la vitrine d'un artisan-boucher dans une rue parisienne soudainement désertée. Pourquoi j'essaie (en vain) de faire sonner cette phrase comme du Lautréamont, je ne peux me l'expliquer totalement - une simple et soudaine envie de rendre un hommage (pas tellement vibrant, je le concède volontiers) aux Chants de Maldoror dont je parlais avec un collègue en fin de semaine dernière.
Le premier, le pavé, issu de la chaussée, est descellé. La seconde, la vitrine, n'est pas éclairée. La boutique du boucher, pour des raisons peut-être autres que celles que je ne devine pas (le lecteur assidu aura remarqué que j'ai déjà, auparavant, utilisé cette formule (que je qualifierais de) magique (et que j'ai volée, empruntée à un commentateur de football de BeinSports qui s'emmêlant, pataugeant dans ses explications finit par l'inventer sans en mesurer toute l'étendue poétique) : je m'autorise tout recyclage d'idée ou de phrase, je suis un auteur vert), est fermée.
C'est donc sans effort que je peux arracher à la chaussée le parallélépipède de pierre - sous lequel, effectivement, se trouve la plage ou, tout du moins, du sable, les (vieux) slogans ont parfois du vrai - et en toute impunité que je peux le balancer (selon une trajectoire parfaitement et fatalement parabolique) dans la vitre de Mr Sanzot (hommage aux RG).

Parmi les brisures de verre qui brillent au sol, je choisis un bel éclat, de la taille d'une belle côtelette d'agneau, d'une forme à peu près triangulaire, aux bords bien tranchants et procède immédiatement à l'amputation prophylactique de mon petit orteil promis à la pourriture. L'opération est délicate, difficile même - je me blesse, me coupe, m'incise, m'entaille les paumes de main avec plus d'efficacité que je ne sectionne les tendons et ligaments qui retiennent mon orteil au reste du pied - atrocement douloureuse. Je suis proche de tourner de l'œil, de tomber dans les pommes destinées à décorer la bouche des cochons de lait rôtis.
Oui, la douleur est insoutenable. J'ai bien fait de me séparer, de me débarrasser de cette excroissance, de cet appendice capable, susceptible de me faire aussi mal - un organe aussi sensible ne peut pas rester opérationnel bien longtemps.

Quant au sang qui coule abondamment de la plaie et imprègne le tissu de ma chaussette, il constitue une excellente nouvelle - une bénédiction. En séchant et en agglomérant, agglutinant, amalgamant les poussières et petites saletés qui ne manqueront pas de croiser mon chemin, il formera assez rapidement sous ma chaussette une croute qui tiendra lieu de semelle. Celle-ci me protègera alors des aléas du trottoir et, m'autorisera  peut-être même à reprendre mon cloche-pied.

vendredi 13 décembre 2019

jeudi 12 décembre 2019

La Roulette Russe (18)

La Roulette Russe bientôt de retour ? Ça va faire du bruit !



Seul problème, j'ai du mal à trouver de nouvelles idées. Un problème de concentration... malgré l'habitude, toutes ces détonations continuent de me faire sursauter... et de me faire perdre le fil...



Mais il faut que j'y arrive... vraiment... c'est bien simple : si je ne trouve pas de nouvelles idées, je me tire une balle...

mercredi 11 décembre 2019

Brouillons

Je disais il y a peu en être à racler les fonds de tiroirs... je ne vais pas tarder à être carrément à sec... On attaque les gribouillis...




mardi 10 décembre 2019

01-23


Nous enseignons
Le vertige et l'ivresse
La colère et l'hybris
La douleur et l'espoir

La sagesse
Ne s'apprend pas

Doctrine




Photo : David Ferrer

lundi 9 décembre 2019

Houellebecquisme ? (1)

Un essai...

Le tennis de table sous la pluie
N'est pas un remède à l'ennui
Mais quand la balle rebondit
Elle fait toujours ce même bruit

Ping Pong

dimanche 8 décembre 2019

En Retard (14)

Ma chaussette droite est trouée. Mon petit orteil dépasse.

Je ne peux pas remonter chez moi la changer : Gigi... De plus, de toute façon, pour ne rien arranger, mes fouilles sont vides : j'ai, comme je le soupçonnais tout à l'heure, oublié mes clefs... Je n'ai pas le temps d'attendre qu'un serrurier vienne me délester d'un RSA pour me rendre l'accès à mon dressing.

Comment poursuivre ? Si je continue ainsi, si je traverse Paris dans ma chaussette trouée, mon petit orteil ne s'en remettra pas. On ne se rend pas compte, dans nos chaussures qui nous isolent des trottoirs, à quel point ceux-ci sont dangereux. Verre brisé, débris de bouteille de bière ou de rouge qui tâche par quelque soulard nocturne. Gravillons. Imperfections du macadam. Bords de pavés. Minuscules objets pointus, coupants, rugueux, en plastique, métal, verre, bois, perdus, égarés par les passants. Comment espérer que mon orteil, mis à nu, lors de mon périple à travers les arrondissements qui, à regarder un plan de Paris où ils apparaissent bien anguleux, portent bien mal leur nom, résiste à toutes ces agressions ? Comment espérer que mon orteil s'en sorte sans blessure ? Sans coupure, microcoupure, irritation, cloque, ampoule, écorchure, morsure ?

Et cette blessure qui fatalement surviendra sera la porte d'entrée de mon organisme pour toutes les immondices que renferme Paris. Car, disons-le, Paris est une ville dégueulasse. Il n'est pas un centimètre carré du sol de Paris qui ne soit dégueulasse, sale, crade, contagieux, infectieux. Chewing-gums encore humides de salive pleine d'herpès, crachats,  merdes et pisses de chiens et de clodos et d'étudiants bourrés, fientes de piaf, restes moisis de bouffe, vomissures, papiers souillés, retombées de pollution atmosphérique, insecticides, herbicides, déjections de rats, germes et bactéries et virus... Paris est le milieu de prolifération idéal pour toutes sortes de saloperies qui mènent illico au tombeau - voilà bien un rendez-vous, mon enterrement, où je ne serai pas gêné d'arriver en retard.
Un orteil qui dépasse dans Paris, c'est un orteil promis à la pourriture, à la gangrène, c'est l'orteil d'un homme qui marche vers la septicémie et son cercueil... Il faut que je réagisse, anticipe, fasse quelque chose.

samedi 7 décembre 2019

En Retard (13)

Je suis dans la rue, devant la porte d'entrée - qui, rappelons-le, fut ma porte de sortie - de l'immeuble que j'habite. Je marque une pause, un temps d'arrêt, une respiration. Tant pis (momentanément) pour le retard. Je profite. J'aime Paris. Chez moi, dans mon appartement, qu'il m'arrive de ne pas quitter des jours et des jours d'affilée - parfois, je n'ouvre même pas les rideaux, ni les volets - je ne me rends pas toujours compte que j'habite Paris. Ainsi cloitré, je pourrais habiter au fin fond de la Tiers-France que je ne verrais guère de différence... j'exagère un peu - je ne suis pourtant pas porté sur l'hyperbole. Je profite de quelques secondes d'immobilité pour mesurer la chance qui est la mienne : je suis Parisien.
Avant de coller trait pour trait à l'image, au cliché du Parisien toujours pressé, qui se hâte dans les couloirs du métro, bouscule les passants, le nez rivé sur le cadran de sa montre - pour ma part, ceci dit, j'ai abandonné la mienne il y a quelques mois déjà... je la regrette un peu... je la reprendrai plus tard, sûrement, un jour... - oublie de prêter attention à ses compagnons de galère, de leur adresser les plus élémentaires des politesses et fait ostensiblement la gueule, avant de rejoindre la foule de ceux qui ont autre chose à foutre que de flâner, je jouis de la rue, jouis du son unique, inimitable de la voirie parisienne, jouis de la splendeur des façades qui se dressent devant moi, jouis de la beauté des femmes - je parle des Parisiennes, pas des touristes ou, pire, des provinciales - qui passent devant moi sans me voir, jouis de me sentir chez moi - je me sens davantage chez moi dans les rues parisiennes, mon sentiment d'appartenance y est plus fort, que dans mon canapé dont les coussins commencent à se tasser un peu - jouis d'être et me sentir Parisien.

Ce n'est pas tout d'être à Paris. Paris se mérite. Paris se respecte. Il faut que j'inspecte ma tenue. Qu'elle soit digne de Paris.
Ma braguette est bien fermée... je vérifie tout même... éviter de réveiller la libido de tous les passants et passantes... je ne serais pas capable de repousser toutes les sollicitations... l'esprit est prompt mais la chair est faible comme disait JC.
Étrangement, je ne remarque toujours pas que ma chemisette maculée de café et, désormais, de tâches de sang est un polo et non une chemisette. Nous verrons ceci plus tard. Mon pantalon semble avoir, pendant ma glissade à plat ventre, ramassé toute la poussière de la cage d'escalier. Son état est lamentable - la concierge peut déjà s'asseoir sur ses étrennes de fin d'année. Je l'époussette comme je peux, à la main, par petits coups qui réveillent le souvenir des hématomes dont Gigi a orné mes tibias.
Mes chaussettes, dépareillées bien qu'elles soient toutes deux du même noir, semblent encore assez propres... mais un détail me gêne : un orteil, le plus petit, à droite, dépasse.

vendredi 6 décembre 2019

Mon noM (2)

mon nom est une rumeur qui se propage dans mon dos



mon nom est un ouï-dire



mon nom est une promesse que je suis incapable de tenir






jeudi 5 décembre 2019

4°5

Félicitations
Pour les bavardages récurrents
Et encouragements
Au travail irrégulier
Et à la participation
Aux lacunes à surmonter
Malgré les efforts
De bonne ambiance
De mise en garde
Pour les résultats en deçà
Des attentes
Les délégués
Des questions ?

Conseil de Classe

mercredi 4 décembre 2019

Bauhaus Austellung

Je le disais l'autre jour, je produis peu de dessins et de peintures en ce moment - je ne trouve ni le temps, ni la confiance nécessaires... tout de même, j'ai pris une heure et demie dimanche dernier pour cette reproduction d'une affiche (en fait, plusieurs, compilées en une) pour l'exposition Bauhaus de 1923.
C'est dans l'émission La Maison France 5 que j'avais vu pour la première fois l'une de ces affiches. J'avais ensuite gardé dans mes favoris la page Google Images : Bauhaus Ausstellung pendant des mois... Je dois avouer que ce n'est qu'en la reproduisant (trop, cf. l'irrégularité du cercle) rapidement, le week-end dernier - histoire d'avoir aujourd'hui quelque chose de neuf à poster - que j'ai compris que les affiches de cette série représentaient un visage humain... en plus de ne pas être aussi malin que je le voudrais, je n'y vois pas clair....

Bauhaus
(24 x 32 cm)

mardi 3 décembre 2019

Dico dort (3)

Les dictionnaires sont de trop gros livres, ce qui les rend malheureusement parfois difficiles à utiliser. Ils ne sont pas assez souvent purgés. Trop de mots inutiles dans les dictionnaires, qui ralentissent inévitablement les recherches.
Prenons, pour commencer, le mot dictionnaire. Si une personne sait ce qu'est un dictionnaire, elle n'a aucune raison de chercher une définition de dictionnaire dans un dictionnaire. Si une personne ne sait pas ce qu'est un dictionnaire, comment saurait-elle que c'est précisément dans un dictionnaire qu'on lui dira ce qu'est un dictionnaire ? Il ne viendrait donc pas à l'idée de cette personne de consulter un dictionnaire pour y trouver une définition de dictionnaire. La définition du mot dictionnaire n'est donc (logiquement) consultée par personne. On peut, par conséquent, la supprimer des dictionnaires. Passons au mot définition. On passera ensuite au mot mot.
Je vais le faire maigrir, moi, le dico.

lundi 2 décembre 2019

Métaphysique

Quel est le sens de la vie ? Quel est le sens du bien ? le sens du mal ?
Je me suis longtemps, très longtemps, posé la question...




... puis j'ai consulté le dictionnaire

dimanche 1 décembre 2019

En Retard (12)

Dans ma tentative - héroïquement couronnée de succès après quelques pirouettes et cabrioles - de me rétablir (sans m'aplatir l'appendice nasal sur la paroi lambrissée de la cage d'escalier) après avoir raté la marche nécessaire à mon rythme de descente des escaliers trois à trois, je perds ma seconde chaussure, la gauche, que je n'avais toujours pas lacée. Mon cloche-pied n'a plus lieu d'être. J'y renonce à regret et choisis de dévaler les escaliers qui me séparent encore de la porte d'entrée - que j'utiliserai (là encore) comme porte de sortie - de l'immeuble à plat ventre, dans une glissade que ne renieraient pas les meilleurs skeletonnistes, skeletonneurs, skeltonthlètes - on reconnaît les faux sports au fait qu'on ne sache en nommer les pratiquants - toujours accompagné des encouragements de Ginette qui continue à me trouver pléthore de nouveaux petits noms cochons (quelle inventivité tout de même) et tente, telle la sirène qu'elle est assurément, de me ramener à sa luxure. Les douleurs provoquées à l'entrejambe par ma glissade sur les arêtes des marches me dissuadent cependant définitivement de remonter assouvir mes désirs enchainés.



Je passe la porte de la rue sans encombre, sans difficulté aucune. On se demande pourquoi quelqu'un, un jour, eut l'idée saugrenue de dresser un obstacle entre l'intérieur et l'extérieur tout en facilitant la sortie : il suffit d'appuyer sur un bouton situé sur le mur de droite pour que la porte se déverrouille automatiquement. Un obstacle n'a-t-il pas d'intérêt que s'il présente une réelle difficulté à être franchi ? On sort d'ici si aisément, autant ne pas mettre de porte. Rien ne me retient vraiment à l'intérieur de l'immeuble... ce ne sera pas une bonne excuse pour mon retard qui grandit à chaque instant.