dimanche 31 mai 2020

En Retard (57)

Mes pensées se mélangent. Esprit embrumé. Je ne comprends pas comment tous ces gens, tous ces habitants de ma journée écoulée, ont pu tous se retrouver ainsi ici, dans ce bar, ce soir. Et comment, moi-même, je m’y retrouve. On ne m’a pas donné rendez-vous. On ne m’a pas indiqué d’adresse. Que fais-je ici ? Que font-ils ici ? Pourquoi suis-je ici ce soir ? Pourquoi sont-ils tous ici ce soir ?

M’a-t-on conditionné pour que je finisse ma journée ici ? Me l’a-t-on suggéré ? M’a-t-on fait un lavage de cerveau ? Vu tout ce que je viens de picoler, j’aurais préféré un lavage d’estomac...

Et ce gars là-bas, qui semble lutter contre le sommeil, qui est-ce ? Ne serait-ce pas le conducteur du métro ? Et celui-là, qui rit à gorge déployée - quelle expression laide - ne serait-ce pas le boucher, celui dont j’ai fait voler en éclats la vitrine ce matin pour m’amputer l’orteil ? Si même ceux que je n’ai pas vus aujourd’hui - je ne peux exclure cependant que, eux, ils m’ont vu - mais qui ont joué un rôle, un petit rôle, même indirect dans les quelques événements survenus depuis que je me suis levé ce matin, alors, il n’y a plus aucun doute... assurément, tout ceci est une farce, une bien mauvaise farce... on se paie ma tête, ma tronche, ma gueule... on se réjouit de mon retard... l’auteur de ce texte doit lui aussi se cacher quelque part, anonyme, parmi ces visages... et se marrer... se fendre la poire... je me ferais bien une petite poire, d’ailleurs... je le sens, qu’il est là... j’en suis sûr... certain... je me lève... pour le démasquer.

Je quitte mon tabouret haut, proche du comptoir auquel j’étais accoudé. Manque de me ramasser. Me stabilise tant bien que mal sur mes cannes. Fais deux pas. Tout tourne, tournoie et gyre. Les murs, le plafond. Les gens - flics, émeutiers, journalistes, manifestants, blogueurs, bouchers... - qui me regardent en riant. Moqueurs. Tous entrent dans la danse, la ronde. Autour de moi. Tournent ou semblent tourner autour de moi. Je ne tiens debout que par miracle. Grâce à l’espèce d’élan procuré par ma descente de chaise. Je parviens, par une sorte de chute en avant, à atteindre la porte, à m’agripper à la poignée, à l’ouvrir. Je m’effondre sur le trottoir. À quatre pattes. Dépose sur le bitume, en une large flaque, mon vin, rouge et blanc, mon gin, mon pastis, mon ouzo, mon whisky, ma téquila, mon mescal, mon bourbon, mon rhum, mon génépi, ma suze, mon kirsch... bref, je gerbe tout ce que je peux dégueuler...

Je relève la tête... un néon rougeâtre clignote le nom du bar. Quelques difficultés à déchiffrer - je ne suis pas en état pour m’adonner à la lecture... Le bar s’appelle Chez Gigi.

Comment ne me suis-je pas aperçu plus tôt que ma voisine manquait à l’appel parmi les clients du bar qui ont peuplé ma journée ?

samedi 30 mai 2020

En Retard (56)

Je suis dans un bar, disais-je. À deux pas, deux rues, de chez moi, disais-je. Un bar dans lequel je n’avais jamais mis les pieds jusqu’aujourd’hui. Ça, je ne l’avais pas encore dit.

J’enchaîne les verres. Que faire d’autre dans un bar ?
Pintes de brune - je préfère les brunes. Demis de blonde - de temps en temps, pourquoi pas. Pintes de rousse - on ne vantera jamais assez le charme de la rousse. Gin. Fizz plutôt que Tonic. Téquila. En shot. Après avoir léché un peu de sel déposé sur le dos de la main. Ou Sunrise. Noyée, dans le jus d’orange et la grenadine. Vodka. -Cola. Whisky. Sec. Légèrement tourbé. Irlandais de préférence. Ma contribution à la lutte du Sinn Féin pour une île verte réunie dans une même république. Cachaça. Un plaisir découvert lors d’une récente et fort pénible période d’enfermement. Avec du jus d’ananas et du jus de citron vert. Verre de rouge. Malbec argentin. Mon péché mignon. De blanc. Savagnin jurassien. Un bonheur que peu partagent. Cépage mal-aimé de ceux qui exigent que tout, même le vin, soit lisse, aimable, facilement apprivoisable. Jamais de rosé. Je déteste le rosé. Le hais. Pastis (avec 5 numéros de retard). Un volume pour deux volumes d’eau. Ouzo. Un volume pour un volume d’eau. Ou sec. À siroter dans un verre à digestif. Absinthe. Avec un peu de sucre. Après l’avoir fait flamber. Friesengeist. Il y a bien longtemps que je n’en ai pas bu. Une redécouverte. Nostalgie.

Drôles de mélanges... En effet, dans la salle toute en longueur, autour des tables et sur des chaises en Formica que l’on pourrait jurer échappées d’une cuisine des années 70, s’entassent, discutent, trinquent, rient ensemble nombre de ceux que j’ai croisés depuis ce matin. Des témoins de l’incident de la boucherie. Émeutiers. Journalistes. Blogueurs. La jeune femme que j’ai giflée dans le métro. Le vieux qui avait à son tour torgnolé sa moitié. Sa compagne. D’autres participants à la manifestation. Les apprentis sculpteurs de l’Arc de Triomphe. Des CRSSS. Des forces de l’ordre du mérite. Dont mon Capitaine. Tous viennent, chacun leur tour,  me taper dans le dos - je tousse à chaque fois. M’offrent un verre - je ne paye rien de tout ce que j’ingurgite - chacun selon son goût. On s’est bien marrés, hein ? Heureusement que t’étais là pour mettre un peu d’animation. Drôles de mélanges des genres.

vendredi 29 mai 2020

01-26

Nous dormons
À même le sol

Nous libérer
De notre joug
Ne suffira pas
À guérir
Notre mal de dos

Révolutions !

jeudi 28 mai 2020

Shower Your Love

Nombre d’idées pour ce blog me viennent en prenant ma douche.


Est-ce d’ôter la couche de crasse qui me sert de carapace qui permet aux conneries produites par mon cerveau de sortir ?


Ou est-ce de retirer mon armure de poussière, de sueur et de gras qui permet à ces pensées ineptes, comme flottant dans l’air, d’entrer en moi ?


Malheureusement, je ne me lave pas tous les jours...


Ai-je imaginé ce billet sous la douche ?

mardi 26 mai 2020

Un Maxe de Nenê

Et si le coronavirus était vraiment un de ces trucs qui n’arrivent qu’aux autres ?


Ceux qui portent le masque ne cachent-ils pas simplement, derrière leur pauvre morceau de tissu, leur honte de ne pas être malades alors que tant (?) de gens meurent à travers le monde ?
Pour ma part, je n’éprouve aucune gêne à afficher ma bonne santé.


Le masque, disons-le, c’est moche et même un peu ridicule.
Et c’est un véritable obstacle à l’expression... tout reste en dedans.
L’incitation à porter le masque semble avant tout destinée à faire ravaler aux gens leur fierté.

lundi 25 mai 2020

Liberté de Cuite

Enfin les lieux de culte sont de nouveau ouverts !!!
Tous ?
Non... mes dieux sont Van Gogh et Kupka... je n’ai pourtant toujours pas le droit d’aller me recueillir à Orsay ou Pompidou.



Le déconfinement devait concerner en priorité les activités essentielles à bonne santé de l’économie du pays... visiblement, j’avais sous-estimé l’importance de la contribution des fabricants de bougies, cierges et autres chandelles au PIB français...

dimanche 24 mai 2020

En Retard (55)

En tant qu’auteur, je fais ce que je veux, disais-je. Plus ou moins.
Tricher, par exemple, fait partie de mes attributions. J’entends par tricher, faire comme si je n’avais pas dit certaines choses que pourtant j’ai dites et faire comme si j’en avais dit d’autres que pourtant j’ai tues. Ne pas me considérer obligé de tout expliquer. De tout raconter. Me permettre de procéder par ellipses. Sans avoir à me justifier. M’autoriser à sauter un épisode. Plusieurs épisodes mêmes. Négliger un enchaînement. Et faire comme si c’était naturel. Passer sous silence deux ou trois heures d’une journée que je prétends pourtant raconter in extenso. Tout en continuant à utiliser le présent de l’indicatif. Comme si de rien n’était.
Je peux me trouver à un endroit dans Paris et, le paragraphe d’après, à l’autre bout de la ville. Sans réelle rupture dans la narration. Et sans avoir recours à la science-fiction - je n’en ai vraiment pas envie. Il suffit que je l’écrive ainsi. Je suis à deux rues de chez moi. Dans un bar. La nuit tombée et beurré ou proche de l’être.
Les obstacles qui se dressent devant moi et les blessures qui me ralentissent, de même, peuvent s’évanouir sans explication. Il suffit de les passer sous silence. De les noyer entre les lignes. Qui, de toute façon relira un jour En Retard en entier ? Ce que j’ai subi il y a déjà plusieurs semaines dans ce texte, tout le monde l’a oublié. Inutile donc de le rappeler. Mon pied et ma main blessés, par exemple, qui s’en souviendra si je n’en parle plus ?

samedi 23 mai 2020

En Retard (54)

Le problème avec En Retard, c’est que je n’ai pas le temps. Je ne me laisse pas le temps. Je m’interdis d’avoir le temps. M’interdis d’écrire durant la semaine. M’interdis de penser pendant la semaine. D’écrire En Retard. De penser à En Retard. Penser à et écrire En Retard en avance, pendant la semaine, ce serait plus que de la triche, ce serait carrément changer de concept. Ce serait ne plus écrire En Retard mais un autre texte. Le début d’En Retard, certes, je l’ai vraiment écrit. Réfléchi. Modifié. Remodifié. Re. Je n’irai pas jusqu’à dire fignolé. Je n’en étais pas loin. De le dire. Depuis, cependant, à partir du numéro 7 ou 10 ou 11, quelque part par là, c’est véritablement balancé à la dernière minute ou presque. Pas du premier jet mais pas loin. C’est littéralement du brouillon. Ce qu’habituellement je rature, cache, ne garde que pour moi...

Et le problème de n’avoir pas le temps, de ne pas m’accorder le temps, c’est que je dois composer avec mon idée du moment. Composer avec l’inspiration. Qu’elle soit bonne (ça arrive parfois) ou mauvaise (ça arrive très... très souvent). Faire avec. Coûte que coûte. Impossible de tergiverser. Mettre de côté. Y revenir plus tard.

Aujourd’hui, non. Je ne ferai pas avec ce que j’ai en tête. Car mon idée ne me plait pas. Vraiment pas. Je ne sais pourquoi, j’imagine changer de style et de genre. Soudainement. Et provisoirement. D’un coup, incursion de En Retard dans le domaine de la science-fiction. Juste un passage. C’est ça mon idée du jour. Doigts et orteils (c’est sur le rappel de leur blessure respective que je m’étais arrêté la dernière fois, non ?) qui guérissent par un procédé révolutionnaire. Téléportation vers le lieu de la prochaine péripétie. Voilà ce que j’imagine. Bien amené, il y aurait même un certain potentiel comique dans ce changement de registre.
N’oublions cependant pas l’essentiel : je suis l’auteur. Et je fais ce que je veux. Et ce que je ne veux pas, je ne le fais pas. Et je n’ai pas envie de science-fiction. Ni de policier. Ni de fantastique. Ni d’horreur. Tout ça, ça m’emmerde. Littérairement.

Conséquence : on n’a pas avancé aujourd’hui. Toujours plus en retard.

jeudi 21 mai 2020

Lot d’Inconsolation

Personne n’ayant tenté sa chance lors du dernier jeu-concours que j’ai organisé, je suis dans l’obligation de l’annuler. La réponse, tout de même : il s’agit d’alphabet amharique.

J’avais promis, comme lot, une huile ratée originale. La voici. Look on my work and despair pour plagier (ironiquement) Shelley.

Essai #2 - 02.04.2020 (III)
(15 x 21,5 cm)

Qu’est-ce que c’est que cette merde ? comme dirait Tom Jones...

Une (seconde) tentative d’huile sur photo... on ne peut pas tout réussir...
je continue à peindre, dessiner, écrire en me disant qu’on ne peut pas tout rater non plus...

Aucune idée d’où vient la photo originale. Mes parents me l’ont ramenée il y a quelques mois, au milieu d’un immense tas de feuilles et documents, vestiges de ma chambre d’adolescent... Je n’ai même aucune idée du bled (alsacien, a priori) que ce peut être...

Photo originale

mercredi 20 mai 2020

Liar

Je suis un menteur

Je mens
Tout le temps
À tout propos
En toutes circonstances et occasions

J’invente
De toutes pièces
J’affabule
Je grossis, j’enjolive, je minore, j’exagère
J’omets

Je mens par besoin
Par hygiène de vie
Par philosophie

Je mens par plaisir
Pour la satisfaction intellectuelle
De la construction d’un beau mensonge
Pour la peur de me trahir, de me faire prendre, d'être découvert
Adrénaline

Je mens par amour
Amour de la vérité
Si fragile vérité
Si belle si fugace
Comment oserais-je l’effleurer
Au risque de la souiller
Accidentellement
J’évite la vérité

Je mens pour les autres
Leur laisser une chance
De trouver
Inventer
Leur vérité
Une vérité

Je mens par vocation
Je suis écrivain
J’essaie d’être écrivain

La plupart du temps
Je me mens
À moi-même

lundi 18 mai 2020

Here Comes the Sun

Here Comes the Sun - Dernier jour de Confinement
Vivement la canicule
(38 x 26 cm)

dimanche 17 mai 2020

En Retard (53)

Je prends congé de mon officier puis à droite puis à gauche, tout droit, à gauche de nouveau, puis à droite et à gauche encore une fois... et je suis revenu sur la place de l’Étoile, au pied de l’Arc de Triomphe que je vois sous une autre facette désormais.
Je repars en arrière, j’essaie de repartir en arrière, tourne à gauche puis à droite, puis à droite et à droite de nouveau... et débouche de nouveau sur la place de l’Étoile... admire l’Arc de Triomphe sous une nouvelle facette encore.

Je continue ainsi à décrire de petites boucles, dessinant par mon itinéraire les pétales d’une fleur dont le coeur serait l’immense rond-point de la place de l’Étoile. La seule fleur que j’ai à offrir aujourd’hui, un 17 pourtant, à ma bien-aimée qui, pendant ce temps, me prépare un gâteau avec amour et du chocolat. Je suis un mari bien peu attentionné... et un écrivain bien peu scrupuleux puisque, dans ce texte, je suis strictement et fièrement et résolument célibataire - que de confusion.

Tout ceci me ramène à mon point de départ, à mon 12 Litres qui s’apprête à partir avec ses hommes. Je lui explique mon problème, lui explique que je tourne en rond, lui explique que toute rue que je prends depuis les quelques minutes passées me conduit à cet endroit.

Imagine, tu es dans une barque. Deux rames. Mais l’une de ces deux rames est très abimée, trouée, rongée sur le bord et ne présente qu’une très petite surface par rapport à l’autre rame. Que se passe-t-il alors ?

Je vais tourner en rond, comme si je ne ramais que d’un côté.

On est d’accord... maintenant regarde tes pieds et tu comprendras ton problème.

L’improvisation n’est visiblement pas mon fort... j’avais oublié mes multiples blessures, mon orteil amputé et mon doigt arraché, mon torse nu couvert d’ecchymoses, mon pantalon raide de crasse, ma chaussette gorgée de sang pas encore sec, mon gant de poche... il va falloir que je rebondisse là-dessus.

samedi 16 mai 2020

En Retard (52)

Dans la rue, j’ai parfois, souvent, tout le temps, du mal à m’orienter. Ce qui me semble a priori le plus court chemin est en réalité un long détour, ce qui me semble un raccourci ne parvient qu’à m’égarer. Je prends à gauche quand il faudrait aller tout droit et tourne à droite quand il faudrait prendre à gauche. Etc. On ne va pas en faire un long paragraphe... on a compris.
Quand je consulte un plan sur un panneau d’affichage, je ne retiens que le nom de la première rue que je dois emprunter, me trompe à la première intersection, reviens sur mes pas pour retrouver ledit panneau... qui semble avoir été déplacé entre temps... etc. De nouveau, etc.
Quant à demander mon chemin à un passant... premièrement, elles sont toujours incompréhensibles, les explications des passants, c’est facile, à droite, puis à gauche et après c’est tout droit, jusqu’à la boulangerie, la troisième que vous croisez, confondez pas avec la septième que vous croiserez même si leurs croissants sont meilleurs puis vous faites demi-tour, pour revenir jusqu’à l’agence immobilière, celle qui a toujours de très beaux appartements à vendre, pas celle d’en face, vous tournez à gauche puis tout droit sur 100 ou 800 mètres, à peu près, jusqu’à la rue qui porte un nom de personnage célèbre puis à gauche à nouveau... 3 minutes tout droit et vous y êtes... vous pouvez pas vous tromper... deuxièmement, j’habite ici, je suis pas un foutu touriste et je ne veux pas avoir l’air d’en être un... être ou ne paraître, là est ma question...

Bref, je suis à l’autre bout de Paris. La manifestation m’y a trainé, à l’autre bout de Paris. L’autre bout par rapport à mon rendez-vous, son lieu, l’adresse à laquelle je dois me rendre. Et en retard. Je suis en retard. Très en retard. Plus que jamais en retard - ceci dit, à partir du moment où l’on est en retard, dès la première seconde de retard alors, à chaque seconde supplémentaire qui s’écoule, on est de plus en plus en retard et même plus que jamais en retard, non ?...
... et je n’ai aucune idée du chemin à prendre.

vendredi 15 mai 2020

D

Nous avons donc atteint les D billets - j’en perds mon latin.



Un peu plus de 10% seulement de ces billets ont été publiés sous régime de confinement. On est encore loin de l’immunité collective. Ce blog risque donc de se répandre encore un peu... attention au relâchement qui n’apportera rien de bon... que des mauvaises blagues, probables redites de plaisanteries déjà émises par d’autres... tant pis, vous l’aurez voulu...



Un poème en prose, ça ne rime à rien.

jeudi 14 mai 2020

La Roulette Russe (27)

En tennis, en base-ball, on voit régulièrement des spectateurs se lever fièrement et exhiber bruyamment leur trophée après avoir attrapé une balle sortie des limites du terrain. Cela n’arrive jamais en Roulette Russe. Les spectateurs qui reçoivent une balle perdue se font très discrets.



En Roulette Russe, on accepte le résultat du match, c’est une question de fair-play, de savoir-vivre : il ne viendrait jamais à l’idée d’un athlète vaincu de poser réclamation (pour quelque motif que ce soit) et de demander à rejouer le match.



Rappel : le port du masque FFP2 n’est pas obligatoire pour pratiquer la Roulette Russe, même en club, en intérieur - deux semaines (soit le délai moyen entre la contamination et les premiers symptômes du coronavitruc) c’est de toute façon bien long pour un pratiquant régulier de ce noble sport.

mercredi 13 mai 2020

Regrets Francfortois

Je passe le printemps 2006 - c’était il y a une éternité - à Francfort-sur-le-Main.
En me promenant dans la vieille ville, je tombe sur une petite boutique d’art : peintures, gravures,  estampes... Dans la vitrine une litho (moderne, années 50 ou 60 il me semble) me tape dans l’œil. Je ne me rappelle pas le prix. Entre 250 et 400 euros. Suffisamment abordable pour que je me pose la question de l’acheter. Suffisamment chère (surtout pour mon budget de l’époque) pour que je renonce. Et que je le regrette éternellement...

Ce jour-là, j’aurais pu commencer une collection d’art... je n’ai acheté mes premières estampes (japonaises) que 12 ans plus tard... à Versailles.

Ma seule consolation, c’est que je garde une image assez nette (et probablement totalement fausse - la mémoire n’est pas très à cheval sur les détails...) de ce à quoi ressemblait cette litho... image mentale de laquelle je suis partie pour réaliser une de mes 3 œuvres du jour (j’écris ceci le 30 avril)

Regrets francfortois
(21 x 12 cm)

mardi 12 mai 2020

Paresse

Je ne sais combien j’ai de textes en moi, de combien de textes je pourrai accoucher avant de m’effondrer, vide, évidé. Qui sait quel sera le volume, à la fin, de mes œuvres complètes ? Suis-je déjà proche de la panne sèche ? Ai-je seulement achevé la première étape d’un long, long, très long voyage ? Comment savoir ?


S’il me reste beaucoup à écrire, pas la peine de me presser, ce n’est pas une journée de plus ou de moins à souffrir sur mes brouillons qui changera quoi que ce soit à la montagne de travail qui se présente à moi.
S’il me reste peu à écrire, il ne faut rien précipiter : comment m’occuperai-je quand je n’aurai plus rien à pondre ?


Dans tous les cas, j’ai une bonne excuse pour avoir glandé toute la journée... nouvelle page blanche.

lundi 11 mai 2020

JCVDieu

Mon pote Veljko m’a fait suivre l’autre jour une citation de Jean-Claude van Damme :

Si tu travailles avec un marteau-piqueur pendant un tremblement de terre, désynchronise-toi, sinon tu travailles pour rien.

Passé le rire initial, ça m’a miné le moral... c’est le genre de choses que j’essaie d’écrire tous les jours sans y parvenir... je suis bien forcé de l’admettre, JCVD est mon maître...

dimanche 10 mai 2020

En Retard (51)

En retard, je suis en retard. Très en retard. De plus en plus en retard.
Tous ces dialogues, cet inutile blabla que je déteste lire et plus encore écrire - ce n’est qu’une posture, je me suis plutôt amusé à rédiger l’espèce de conversation policée des épisodes précédents - m’ont fait perdre du temps et de l’espace. Je devrais à présent en être plus loin dans mon épopée, dans mon équipée. Je suis en retard sur mon planning - ce qui est un comble puisque je n’en dresse jamais.

Nous sommes en effet au numéro 51 d’En Retard. Moi qui suis pourtant plutôt adepte du Ricard et du pastis Henri Baudouin, j’avais prévu de profiter de ce nombre, le 51, pour inaugurer avec un petit jaune une (longue ?) scène de soirée alcoolisée. Association d’idées assez misérable, honteuse, je le concède. J’avais prévu d’être subtil, de ne rien dire, de ne pas expliciter le lien entre ces deux chiffres et l’apéritif anisé consommé au cours dudit billet. J’aurais laissé le soin à mes lecteurs assoiffés de saisir l’allusion. Ils n’auraient d’ailleurs rien dit, rien divulgué, trop honteux, ceux qui auraient fait le rapprochement entre le 51, un nombre a priori tout ce qu’il y a de plus ordinaire, et le pastis... Ils auraient fait comme s’ils n’avaient pas compris... Tout le monde, eux comme moi, aurait gardé sa dignité.
Mon retard m’oblige à être lourd, à insister sur la marque déposée, à expliquer mes pitoyables plaisanteries qui, autrement, auraient pu passer inaperçues... En Retard jette une lumière crue sur toute ma médiocrité...


Toujours est-il que si je veux prendre mon pastis maintenant, alors que je suis encore au pied de l’Arc de Triomphe, ce sera avec un poulet... ce ne me semble pas un très bon accord.
On boira plus tard, donc. C’est bien la première fois que je suis en retard pour picoler.

samedi 9 mai 2020

En Retard (50)

Une question, du coup, je m’interroge... il est 17h20 maintenant... qu’allez-vous tu faire jusqu’à l’heure de la fin de service ? disons jusqu’à 17h40... le temps de rentrer toutes sirènes dehors, de rejoindre le vestiaire et d’enlever ton votre uniforme pour un accoutrement plus ou moins civil...

Le 12 L (plus ou moins un) sourit. Me sourit.
Jusqu'à 17h38... clin d’œil... on va surtout se faire chier... maintenir l’ordre, c’est beaucoup s’ennuyer... maintenir l’ordre dans la rue, c’est comme maintenir son bureau bien rangé... il n’y a rien de plus triste qu’un bureau bien rangé... alignements de classeurs... dossiers parfaitement étiquetés dans des trieurs et des armoires... il n’y a rien de plus déprimant... l’ordre, c’est l’absence d’action... l’ordre, c’est la mort...

Je ne peux lui donner tort, rien ne me désespère plus, après avoir mis de l’ordre dans mon bureau, que de le voir bien rangé, sans papier qui traine à terre, sans pile de documents et de brouillons prête à s’effondrer. L’impression de repartir d’une page blanche. De ne rien avoir en cours. Au moins, quand c’est le bordel et que je n’ai plus d’idée ni de projet, je sais que je peux toujours me mettre à faire le ménage... option que je n’ai pas quand tout est classé, archivé, trié...

En attendant, on occupe l’espace, on est présent, on fait croire qu’on est alerte, qu’on sait ce qu’on fait, qu’on maîtrise la situation...

Et comment tu vous faites ça, donner le change ? faire croire que tout est sous contrôle alors que vous tu ne maîtrisez rien et que tu vous ne faites que du remplissage ?

Le dialogue... le dialogue, ça marche à tous les coups... les gens ont beau se plaindre qu’ils n’aiment pas le blabla, c’est faux... ils ne jurent que par le dialogue... on bavasse, on tchatche, on discute... les gens adorent parler... le dialogue, on en sort toujours gagnant...

Mais j’ai horreur de ça, moi, les dialogues... je n’en écris jamais... et dans les bouquins, je les saute... si je voulais écrire des dialogues, j’écrirais du théâtre - en réalité, j’aimerais bien en écrire, du théâtre...

Il va falloir s’y mettre...

vendredi 8 mai 2020

Des Boutons ?

Nous sommes en guerre.


Notre bien-aimé leader suprême nous l’a dit et répété et martelé et zozoté durant sa captivante intervention télévisuelle nous annonçant notre enfermement - il y a sept (huit ?) semaines déjà...

Ok, nous sommes en guerre... Pas de problème... J’accepte l’idée...
Juste une question cependant... Quand on l’aura niqué profond (excuse my french), ce virus, on aura droit à un jour férié comme pour le 11 novembre et le 8 mai ?
Ou, ça non plus, ça ne fait pas partie du package martial ?

Question supplémentaire : pourrait-on signer l’armistice coronaviré un 22 septembre ?

jeudi 7 mai 2020

Here, There and Everywhere

C’est en étant
Ailleurs
Que j’ai compris
Ce que signifie
Être ici

Mais ici était alors
Pour moi
Un ailleurs
Puisque je n’étais pas
Ici

Comment être sûr
Qu’être ici
Ait le même sens
Ici
Qu’ailleurs ?

mardi 5 mai 2020

Blank Page

Quand on lit entre les lignes, tous les livres, les bons comme les mauvais, se ressemblent : la littérature tourne à vide.



Lire entre les lignes est une méthode efficace de lecture rapide. En effet, il y a toujours un interligne de moins qu’il n’y a de lignes sur une page : c’est déjà ça de gagné...

lundi 4 mai 2020

En Direct de chez Maurice Confiné (9)

Dans une semaine, je serai Maurice Déconfiné... il faut donc en déduire que la terrible épidémie qui menaçait l’inhumanité et a fauché des milliers, millions, milliards de mes pas-si-semblables, n’est plus un réel danger... et que j’ai, encore une fois, survécu à un désastre planétaire...
... comme j’ai déjà survécu à la Guerre du Golfe, aux guerres de Yougoslavie, à plusieurs vagues d’attentats, au Tsunami de 2004, au nuage de Tchernobyl (bon, ok, il s’était arrêté à la frontière franco-allemande - je n’ai que peu de mérite), à la crise des Subprimes, à l’OM de Bernard Tapie, à 12 rediffusions de Seul au Monde...
Il faudra s’y faire, je suis increvable... incassable même (Bruce Williiiiiiiisssssss)...
Moi qui espérais être fauché dans ma (encore relative) jeunesse et pouvoir ainsi profiter d’une gloire posthume décuplée comme Apollinaire, Macke, Cobain, Mozart, Johnson, Basquiat... il me faut me résigner... accepter... ok, je vivrai longtemps...
... ce qui ne veut pas dire que je suis d’accord pour vivre VIEUX !!!

dimanche 3 mai 2020

En Retard (49)

Je me rends, je vous dis... Eh, Oh ? Non ? et vous, toi, le trois galons (soit à peu près 11L aux USA, 13,5L chez les Britons - même entre eux, les anglo-saxons sont infoutus de se mettre d’accord)... oui, toi, vous... oh capitaine mon capitaine... je me rends, je te vous dis... pieds et poings pas encore liés... mais c’est votre boulot, non ? l’attachement ? non ?

L’officier en question me fixe. Regarde sa montre. Une Rolex - il a bien moins de 50 ans : vie réussie. J’ai horreur des Rolex. Ce n’est pas le moment de polémiquer à propos de montre. Me fixe de nouveau. Crache au sol et se rapproche. Calme. Serein même. S’accroupit. Se penche à mon oreille.
Il est 17h18.
Le temps de te passer les menottes tout en te décochant quelques coups de coude et de genoux - on risque moins de se faire mal soi-même, avec les genoux et avec les coudes, plutôt qu’avec les poings ou mêmes les pieds, un truc qu’on apprend à l’école de torture - et en te plaquant la face au sol en essayant de te péter le nez tout en t’évitant le traumatisme crânien : 4 à 6 minutes.
Te faire monter dans le fourgon, te faire cracher ton identité, faire semblant de ne pas comprendre ce que tu racontes, te faire épeler plusieurs fois, faire un appel radio, tenter de faire un appel radio - ça ne fonctionne jamais dès la première fois - obtenir quelqu’un à la radio, demander une vérification d’identité et une recherche de casier : 8 à 12 minutes.
Obtenir une réponse : 15 à 32 minutes.
Te ramener au poste toutes sirènes dehors : 7 à 8 minutes - record depuis les Champs : 6 min 22 s, mais c’était de nuit.
Te faire sortir du fourgon, entrer dans les locaux, asseoir au bureau : 3 à 4 minutes.
Faire démarrer l’ordinateur. Mise à jour Windows éventuelle. Faire réchauffer pour la 23ème fois de la journée la cafetière remplie de jus de chaussette : 12 à 57 minutes.
Prendre ta déposition. Te claquer deux trois tartes dans la gueule en prenant bien soin d’enlever l’alliance et la chevalière au préalable. Te faire répéter ta déposition jusqu’à ce que tu sois capable de la réciter à la virgule près. 37 à 93 minutes - il y en a qu’ont jamais dû apprendre de poésie à l’école, pas possible autrement...
Chercher du papier vierge dans cinq à sept bureaux avant d’en trouver. Lancer l’impression en trois exemplaires. Plantage. Second essai. Aucune réaction de la machine. Troisième, quatrième et cinquième essais. Obtenir d’un coup quinze copies. En jeter douze à la corbeille. S’apercevoir que parmi les trois gardées, deux sont mal imprimées. En réimprimer deux parce qu’on a chiffonné les autres. Te faire signer. 23 à 47 minutes.
Te dire de te casser et de ne plus y revenir en te broyant les noix dans la main : 3 minutes.
En tout ça fait...

Il compte sur ses doigts. Je l’aide : 112 (soit 1 h 52 min) à 262 (soit 4 h 22 min) minutes

Si tu le dis, je te fais confiance pour les chiffres... j’suis plutôt genre littéraire, moi...
Bref, mon service se termine à 18 h 00... et les heures supplémentaires, faut pas trop compter dessus... ce qui signifie qu’il faut que je sois au vestiaire à 17 h 53 au plus tard pour avoir le temps de quitter mon uniforme pour quitter mon service...
Tout ça pour dire, j’ai pas le temps de m’occuper de toi... sinon, je vais être en retard... très en retard...

samedi 2 mai 2020

En Retard (48)

Dans ce texte, je me suis clairement perdu en route. Ce n’est pas ce que j’avais imaginé au départ ; sait-on jamais cependant, quand on commence à écrire, ce qu’on va effectivement écrire ? Je ne sais plus par où continuer. Idées confuses. J’aurais dû faire un plan. Il va me falloir me remettre sur de bons rails - sans pour autant reprendre le métro, j’y ai perdu assez de temps - me remettre sur la bonne voie.
Heureusement, les flics m’attendent au bas des marches... une fois qu’ils m’auront passé à tabac - ce qu’on appelle aussi se faire fumer, l’étymologie joue parfois des tours (7, dans la bouche, avant de parler) à la langue - je pourrai leur demander mon chemin... ils sont aussi là pour ça, non ?

Justement, j’y arrive, au bas des marches, après de multiples détours, montées et descentes - je vous le dis, je suis un peu paumé, je ne sais plus où aller. Je sors du monument. Quelques pas à l’air libre puis j’ôte mon gilet fluo et lève les bras, résigné, prêt à subir un sévère rappel à la loi du plus fort... voire une belle bavure.
Je me rends... drapeau blanc... ne tirez pas... passez moi les menottes et attachez moi au radiateur... mais ne mettez pas le thermostat à fond... s’il vous plaît... ne me matraquez pas là où ça ne procure pas de plaisir... insultez-moi mais ne me crachez pas dessus... s’il vous vient l’idée de me violer, pensez à vous protéger... je ne suis pas certain d’être tout à fait clean... pitié... j’avouerai tout et son contraire... je suis une balance... et un sagittaire... et un cancer... je dénoncerai qui vous voudrez... et d’autres encore... j’inventerai des noms s’il le faut... je vendrai mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs... oh, oh, ce sera le bonheur... je donnerai aux bonnes œuvres de la Police... et aux mauvaises aussi...
Mais la maréchaussée, malgré mes cris, ne bouge pas. Je continue d’avancer vers les uniformes. Qui ne bougent pas. Me regardent avancer mais ne bougent pas. Je m’arrête à un mètre, me mets à genoux. Toujours aucun mouvement.

vendredi 1 mai 2020

Portrait refait

Natacha, alors que je lui montre ma dernière huile, Portrait Refait, réalisée dans la journée du 22 avril dernier : - T’es entré dans une période Picasso ?
Moi : - T’en penses quoi ?
Natacha : - Oh, tu sais bien que moi, Picasso, c’est pas trop mon truc...
Moi : - C’est pas trop mon truc non plus...

C’est vrai, je ne suis pas un admirateur de Pablo Picasso - sauf celui des Modern Lovers - j’aime sa période bleue (je l’ai déjà dit ou sous-entendu) j’aime quelques toiles du maître franco-espagnol mais ne fais pas partie de ceux qui l’idolâtrent et célèbrent chacun de ses crobards réalisés sur un coin de nappe en papier pour payer l’addition du restaurant comme une merveille insurpassable...

Et c’est vrai également que mon dessin et mon huile peuvent évoquer Picasso... de loin... mais j’aime beaucoup mon huile... et plus encore le dessin que j’avais fait la veille dans mon carnet de croquis...
D’ailleurs, cette huile, je l’aimais avant même de l’avoir commencée et je sentais qu’elle pourrait être une étape importante dans mes recherches picturales (je cherche avant tout ma voie). C’est pourquoi j’ai décidé de réaliser cette huile sur un carton, le talon d’un bloc de papier Oxford. Comme le gouâchis réalisé sur les bords du lac de Vassivière qui marquait mes vrais débuts comme peintre.

Rendons cependant à César ce qui est à César... le dessin et l’huile sont l’aboutissement d’une série de croquis inspirés par les dessins d’un artiste découvert sur Instagram : Joan Quintas Toledo.

Carnet de Croquis de MLM

Portrait Refait
Huile sur carton (21 x 29,7 cm)